Le cardinal Christian Tumi, 90 ans, archevêque émérite de Douala, enlevé jeudi soir dans l'ouest à majorité anglophone du Cameroun en proie à un sanglant conflit entre l'armée et des séparatistes, a été libéré vendredi, a annoncé à l'AFP l'archevêque de Douala Samuel Kleda.
Les rebelles séparatistes anglophones armés se livrent fréquemment à des rapts, y compris de personnalités, qui aboutissent d'ordinaire à la libération relativement rapide des otages, contre rançon ou au terme de négociations.
Le cardinal à la retraite, célèbre au Cameroun pour ses inlassables tentatives de médiation entre les sécessionnistes anglophones et le gouvernement de Yaoundé, a été relâché par ses ravisseurs avec son chauffeur, mais pas une dizaine d'autres personnes kidnappées avec eux près de Kumbo, dans la région du Nord-Ouest, a précisé à l'AFP un responsable des autorités locales, qui a requis l'anonymat.
Mgr Tumi et une dizaine d'autres personnes, dont un chef coutumier, Sehm Mbinglo, le Fon (chef) de Nso, une "royauté" proche de Kumbo, avaient été enlevés par des inconnus sur la route en début de soirée.
Selon le responsable local, le prélat et son chauffeur ont été séparés du reste du groupe pour lequel des représentants de la population locale sont en train de négocier la libération.
"Le Cardinal et son chauffeur ont été libérés il y a peu. C'est un soulagement, mais c'est aussi bouleversant de savoir qu'un cardinal de 90 ans a été pris en otage", s'est ému Mgr Kleda dans un entretien téléphonique avec l'AFP.
Les écoles des régions anglophones ont été particulièrement visées ces derniers jours avec plusieurs enlèvements d'élèves et de professeurs, à chaque fois libérés sous la pression des populations locales.
Ainsi jeudi, 11 enseignants enlevés deux jours plus tôt dans une école presbytérienne de Kumbo, ont été relâchés jeudi sans avoir subi de violences par leurs ravisseurs, après une médiation de représentants de la population locale, selon les autorités presbytériennes, qui ont attribué le kidnapping à un groupe armé séparatiste anglophone.
Même issue mercredi à Fundong, dans la même région du Nord-Ouest, où six élèves ont été brièvement pris en otage avant d'être libérés quelques heures plus tard.
Ces kidnapping à répétition surviennent une douzaine de jours après le meurtre de sept élèves dans une école par des hommes armés, une tuerie attribuée par Yaoundé aux groupes armés sécessionnistes anglophones.
En septembre 2019, face au blocus des établissements scolaires par des groupes séparatistes, le cardinal Tumi avait notamment déclaré à l'AFP avoir demandé à ces séparatistes "intolérants" de "laisser les enfants aller à l'école".
"Ce serait sacrifier leur avenir que de persister dans cette voie", avait-il asséné.
Dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, les groupes armés et les forces de sécurité dépêchées par Yaoundé se livrent une guerre sanglante et les deux camps sont régulièrement accusés par les ONG internationales de crimes commis contre des civils.
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