Une plainte déposée contre le géant suisse Glencore, accusé d'être responsable du déversement d'eaux usées toxiques au Tchad, a été jugée recevable par les autorités britanniques, ont indiqué mercredi trois organisations de défense des droits humains et l'entreprise.
En septembre 2018, une digue retenant un produit issu de la production de pétrole brut s'est rompue dans le champ pétrolier de Badila, opéré par une filiale britannique de Glencore, géant des matières premières, dans le sud du Tchad, affectant les populations locales.
"Quatre-vingt-cinq millions de litres d'eaux usées (l'équivalent de 34 piscines olympiques) ont inondé les champs agricoles avant de se déverser dans la rivière locale", a indiqué dans un communiqué Raid, l'une des trois ONG qui ont porté plainte.
"Les incidents ont provoqué des brûlures, des lésions cutanées, des vomissements et des diarrhées chez au moins 50 habitants vivant près de l'exploitation pétrolière", selon le texte.
"D'après les habitants, le bassin fuyait depuis plusieurs semaines avant qu'il se rompe, mais Glencore n'a pas pris les mesures pour résoudre le problème", poursuit l'ONG.
La plainte a été jugée recevable par le National Contact Point (NCP), organisme britannique qui reçoit les plaintes déposées contre des entreprises, compétent sur ce dossier mettant en cause une filiale britannique de Glencore.
De telles plaintes sont habituellement traitées par des procédures de médiation entre les sociétés et les demandeurs. Si les deux parties ne parviennent pas à se mettre d'accord, le NCP a le dernier mot.
Les éléments apportés par les trois organisations "méritent un examen approfondi", a noté le NCP dans un communiqué.
Dans un communiqué transmis à l'AFP, Glencore "reconnaît la décision" du NCP, affirme avoir été "transparent sur l'incident" et assure que "des actions ont été prises".
"C'est une étape très importante en vue de la résolution de ce litige car nous avons essayé en vain d'échanger avec Glencore pendant plus d'un an pour que l'entreprise prenne des mesures", a déclaré à l'AFP Anneke Van Woudenberg, directrice de l'ONG Raid, soulignant que "cette médiation, qui peut durer 6 mois, est un pas important".
La société suisse Glencore exploite le pétrole au Tchad depuis 2013. L'Etat tchadien a contracté en 2014 une dette auprès de l'entreprise.
"Glencore n'a jamais eu une oreille attentive pour les victimes et nous espérons maintenant que l'entreprise va nous écouter", a déclaré de son côté à l'AFP l'avocate Delphine K. Djiraïbé, membre du Public Interest Law Center (PILC) à N'Djamena, partie civile dans le dossier.
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