France : Un consortium guinéen reprend Alteo, un leader mondial de l'alumine

Publié le 7 janv. 2021 à 17:23 Modifié le 13 sept. 2022 à 20:34

  • France : Un consortium guinéen reprend Alteo, un leader mondial de l'alumine

La justice française a confié jeudi à un groupe de Guinée l'usine Alteo de Gardanne près de Marseille (sud), leader de l'alumine de spécialité utilisée notamment pour les composants électroniques, qui va se transformer pour cesser de stocker ses déchets dans l'environnement.

La justice française a confié jeudi à un groupe de Guinée l'usine Alteo de Gardanne près de Marseille (sud), leader de l'alumine de spécialité utilisée notamment pour les composants électroniques, qui va se transformer pour cesser de stocker ses déchets dans l'environnement.


L'usine est le berceau mondial de la fabrication d'alumine depuis 1894 grâce au procédé inventé par Karl Josef Bayer en 1887, où elle transforme la bauxite pour en tirer des alumines de spécialité largement utilisés dans les écrans de smartphone ou dans l'industrie automobile. La Guinée détient, elle, les principales réserves de bauxite du monde. Seul candidat encore en lice lors de la dernière audience le 8 décembre, United Mining Supply (UMS), propriété de l'homme d'affaires franco-libano-guinéen Fadi Wazni, a vu son plan de continuation de l'usine Alteo validé par le tribunal de commerce de Marseille.


Elle avait été placée en redressement judiciaire il y a plus d'un an à la suite d'une baisse des commandes et d'une crise du marché mondial de l'aluminium. UMS prévoit de reprendre une partie de la dette, et à terme, cesser l'importation de la bauxite, la matière première dont est extraite l'alumine, mais dont les importants résidus sous forme de formes de boues et de terres rouges font polémique.


A la place, il importera directement la poudre brute d'alumine, s'épargnant ainsi le stockage ou l'évacuation de ces déchets. Le raffinage de cette bauxite était au coeur des tensions avec certains habitants de la commune voisine de Bouc-Bel-Air: chaque année quelque 300.000 tonnes de résidus du minerai rouge étaient entreposés à ciel ouvert sur le site de Mange-Garri, au grand dam de riverains déplorant notamment l'envol des poussières et redoutant la pollution des nappes phréatiques. 


Durant des années, l'usine a aussi rejeté ses boues rouges dans la Méditerranée avant de traiter ses rejets liquides. Pour le député centriste de la région d'Aix-en-Provence, François-Michel Lambert, ce projet est "un gâchis social", de "souveraineté" et "environnemental": "Cette pollution qui avait disparu par des innovations techniques (...) va maintenant réapparaître en Afrique". L'usine de Gardanne, un des plus gros employeurs privés de la zone d'Aix-en-Provence, avec quelque 500 salariés et 400 emplois indirects, était jusqu'ici propriété du fonds d'investissement américain HIG.  Le projet d'UMS devrait aboutir à la suppression de 98 emplois dans l'usine, même si le repreneur assure qu'il tâchera de tendre vers zéro.