Niger : de récents massacres ont entraîné la naissance de milices d'autodéfense dans l’ouest

Publié le 25 nov. 2021 à 09:52 Modifié le 22 sept. 2022 à 23:23

  • Niger : de récents massacres ont entraîné la naissance de milices d'autodéfense dans l’ouest

Jusqu'alors absentes du Niger, des milices d'autodéfense sont apparues dans l'ouest du pays à l'occasion de récents massacres perpétrés par des jihadistes présumés : composées de jeunes sans formation et mal équipés, elles sont juste tolérées par le pouvoir.

Jusqu'alors absentes du Niger, des milices d'autodéfense sont apparues dans l'ouest du pays à l'occasion de récents massacres perpétrés par des jihadistes présumés : composées de jeunes sans formation et mal équipés, elles sont juste tolérées par le pouvoir.

 

Abdoulaye, silhouette longiligne, arc et carquois en bandoulière, jette un coup d'oeil sur les passagers d'un véhicule à l'entrée de son hameau près de Banibangou, dans l'ouest du Niger, théâtre de violences de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda et à l'Etat islamique.

 

"Je suis un membre du Comité de vigilance" un groupe d'autodéfense, affirmait-t-il début novembre à l'AFP, en précisant qu'il ne s'aventurait jamais loin. "Je fais juste la ronde autour du village".

 

Exaspérés par les massacres, razzias du bétail, enlèvements contre rançons, assassinats ciblés et extorsions de fonds, des villageois ont monté clandestinement des milices d'autodéfense pour résister aux atrocités des jihadistes armés.

 

La semaine dernière, un comité d'habitants de la région de Tillabéri, zone dite des "trois frontières" entre Niger, Mali et Burkina Faso, a "de nouveau lancé un appel à toute la population, en particulier aux bras valides et aux bonnes volontés, afin de nous organiser pour défendre notre région".

 

Au cours des deux premières semaines de novembre, près de 100 membres de groupes d'autodéfense ont été tués par des présumés jihadistes dans l'ouest du Niger.

 

Le 2 novembre, au moins 69 membres d'un de ces groupes, emmenés par le maire de Banibangou, sont massacrés dans une embuscade, puis le 16, ce sont 25 membres d'une autre milice qui sont à leur tour tués dans une attaque d'un campement à Bakorat, dans la région de Tahoua, voisine de celle Tillabéri.

 

A Banibangou des "jeunes villageois" se sont "portés volontaires pour venger leurs morts et protéger leurs biens", raconte un ex-maire de la région. "Ils sont juste équipés de flèches, d'armes blanches et sûrement de quelques armes à feu", selon un habitant de Banibangou.

 

Dans la région de Tahoua, un groupe d'autodéfense s'était déjà manifesté après le massacre en mars 2021 de 141 civils, dont des enfants, dans plusieurs localités et campements dont, déjà, celui de Bakorat.

 

Une vidéo circulant sur les réseaux sociaux a montré des hommes enturbannés tenant des fusils automatiques dans laquelle ils expliquent "avoir pris les armes contre le terrorisme, suite à ces massacres".

 

Le régime du président nigérien Mohamed Bazoum n'interdit pas formellement ces milices, mais les tolère.