Soudan : l'Arabie et les Emirats se joignent aux Américains pour faire pression sur les militaires

Publié le 4 nov. 2021 à 12:05 Modifié le 7 sept. 2022 à 23:25

  • Soudan : l'Arabie et les Emirats se joignent aux Américains pour faire pression sur les militaires

Les Etats-Unis ont obtenu mercredi le soutien explicite de l'Arabie saoudite et des Emirats arabes unis, deux pays considérés comme susceptibles d'avoir une influence sur les militaires soudanais.

Les Etats-Unis ont obtenu mercredi le soutien explicite de l'Arabie saoudite et des Emirats arabes unis, deux pays considérés comme susceptibles d'avoir une influence sur les militaires soudanais, dans un appel commun à la "restauration immédiate" du gouvernement civil renversé par l'armée à Khartoum.

 

"Nous appelons à la restauration immédiate et totale du gouvernement de transition dirigé par des civils", ont affirmé ces trois pays, ainsi que le Royaume-Uni, dans une déclaration conjointe, assurant "partager la grande préoccupation de la communauté internationale".

 

"Nous appelons toutes les parties à faire preuve de coopération et d'unité pour parvenir à cet objectif crucial", ont-ils ajouté.

 

"A cette fin, nous encourageons la libération de tous ceux qui ont été arrêtés en lien avec les événements récents ainsi que la levée de l'état d'urgence", ont-il encore écrit, estimant que la violence n'avait "pas sa place dans le nouveau Soudan".

 

Le 25 octobre, le général Abdel Fattah al-Burhane faisait arrêter le Premier ministre Abdallah Hamdok, un technocrate devenu le visage civil de la transition soudanaise après la révolution qui a fait chuter le dictateur Omar el-Béchir en 2019. Tout en annonçant la dissolution des institutions de transition au sein desquelles militaires et civils se partageaient le pouvoir.

 

La semaine dernière, un haut responsable américain avait dit que Washington était en contact avec les Emirats, l'Arabie mais aussi l'Egypte pour qu'ils fassent davantage pression sur les généraux soudanais. Il avait notamment estimé que les Emiratis avaient contribué au retour du Premier ministre à son domicile tout en affirmant que c'était insuffisant, puisqu'il est encore en résidence surveillée.

 

- Absence de l'Egypte -

Le porte-parole de la diplomatie américaine, Ned Price, a aussi révélé mercredi, pour la première fois depuis le coup d'Etat militaire, que Washington était en contact direct avec les militaires putschistes pour leur demander de revenir en arrière.

 

Des diplomates américains ont dit "sans aucune ambiguïté" à l'armée soudanaise "ce qu'exige la communauté internationale, à savoir une restauration rapide du gouvernement dirigé par des civils", a-t-il dit.

 

Avec la déclaration à quatre de mercredi, les Etats-Unis montrent selon lui qu'ils ne sont "pas seuls" mais au contraire "unis" avec leurs alliés, y compris dans la région.

 

Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken s'était entretenu ces derniers jours en Europe avec ses homologues saoudien et émirati, notamment pour travailler à ce texte.

 

L'Egypte, accusée par certains observateurs de jouer un rôle en soutien des militaires putschistes, n'a toutefois pas signé la déclaration commune de mercredi.

 

Interrogé sur cette absence, Ned Price a répondu qu'il fallait "demander aux Egyptiens" quelle était leur position, tout en assurant que les contacts se poursuivaient aussi avec Le Caire sur le dossier soudanais.

 

Les Etats-Unis, qui ont immédiatement suspendu 700 millions de dollars d'assistance à Khartoum après la prise du pouvoir par les militaires, multiplient les déclarations pour appeler le général Abdel Fattah al-Burhane à reprendre le fil du partage du pouvoir intérimaire avec les civils.

 

Samedi, des dizaines de milliers de personnes étaient descendues dans la rue dans la capitale soudanaise pour s'élever contre le coup d'Etat dans ce pays déjà englué dans le marasme économique et miné par des décennies de conflits.

 

Malgré de nouveaux heurts qui ont fait trois morts ce jour-là parmi les manifestants, l'émissaire américain pour la Corne de l'Afrique, Jeffrey Feltman, a reconnu mardi une certaine "retenue" de la part d'une partie au moins des forces de sécurité.