Trois candidats d'opposition au Tchad se sont retirés de la présidentielle du 11 avril, au lendemain de la validation de leurs candidatures par la Cour suprême, dénonçant notamment la détérioration du climat sécuritaire, ont-ils annoncé jeudi à l'AFP.
Six candidats s'affronteront pour la présidentielle, dont le sortant Idriss Déby Itno, au pouvoir depuis 30 ans, ultra-favori pour un sixième mandat à la tête du pays face à une opposition morcelée et muselée, selon elle, par l'usage de la force.
Théophile Bongoro Bebzoune, néophyte en politique, désigné candidat unique d'une coalition de partis d'opposition sous le nom d'Alliance Victoire à la place de l'opposant historique Saleh Kebzabo, a retiré sa candidature. "L'Alliance a décidé de retirer ma candidature", a-t-il déclaré à l'AFP, sans donner plus de détails.
Mahamat Yosko Brahim ne sera pas non plus candidat, dénonçant à l'AFP un climat "actuel qui n'est pas favorable à une élection présidentielle libre et transparente".
Ngarlejy Yorongar, ancien compagnon d'armes d'Idriss Déby en 1990, a également retiré sa candidature à cause de "l'injustice sociale et de l'insécurité que vivent les partis politiques de l'opposition".
La Cour suprême avait recalé mercredi sept prétendants et retenu les dossiers de 10 candidats dont celui de Saleh Kebzabo, principal opposant et rival historique du président Déby, qui dirige ce pays d'Afrique centrale d'une main de fer depuis un coup d'Etat en 1990.
M. Kebzabo avait annoncé dès lundi qu'il retirait sa candidature, dénonçant une "militarisation évidente du climat politique" au lendemain de la tentative d'arrestation d'un autre candidat déclaré, Yaya Dillo Djerou, dans un assaut meurtrier de la police et de l'armée contre son domicile de N'Djamena.
Des ONG internationales, l'ONU et la France ont réclamé une enquête "impartiale" sur l'assaut meurtrier contre le domicile de M. Dillo Djerou qui, selon son parti, a coûté la vie à cinq membres de sa famille. Le gouvernement n'a reconnu la mort que de sa mère et de deux soldats.
La Cour suprême a rejeté par ailleurs les candidatures de M. Dillo Djerou et de Succès Masra, jeune étoile montante de l'opposition, au motif, entre autres, que leurs partis n'étaient pas "légalement constitués".
Depuis quelques mois, le gouvernement interdit systématiquement et réprime durement toute tentative de manifestation de l'opposition et de la société civile qui réclament "l'alternance et plus de justice sociale". Amnesty international a dénoncé des "restrictions disproportionnées du droit à la liberté de réunion pacifique" et des "arrestations arbitraires".
Lundi, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a également réclamé une "enquête rapide et rigoureuse", "déploré le recours à la force dans le cadre du processus électoral au Tchad" et demandé à N'Djamena de "favoriser un dialogue politique".
Désormais, le candidat qui aurait le plus de chances de récolter un nombre relatif de voix pourrait être Félix Nialbé Romadoumngar, officiellement "chef de file de l'opposition" parce qu'à la tête du parti comptant le plus de députés à l'Assemblée nationale loin derrière le tout-puissant Mouvement Patriotique du Salut (MPS) de M. Déby.
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