Présidentielle au Bénin : deux candidats de l'opposition à la crédibilité contestée

Publié le 10 avr. 2021 à 09:16 Modifié le 23 sept. 2022 à 00:03

  • Présidentielle au Bénin : deux candidats de l'opposition à la crédibilité contestée

Crédit photo : Autre presse

Les anciens députés Allasane Soumanou et Corentin Kohoué sont les deux seuls candidats de l'opposition qui ont été autorisés à concourir à l'élection présidentielle au Bénin face au président sortant Patrice Talon en lice pour un second mandat.

Les anciens députés Allasane Soumanou et Corentin Kohoué sont les deux seuls candidats de l'opposition qui ont été autorisés à concourir à l'élection présidentielle au Bénin face au président sortant Patrice Talon en lice pour un second mandat.

 

Les deux affirment être le candidat qui mènera l'opposition à la victoire. Mais pour leurs détracteurs, ils ne sont que des faire-valoir du parti au pouvoir, accusé d'avoir verrouillé le scrutin.


- Alassane Soumanou -

A 66 ans, Alassane Soumanou Djimba, musulman originaire du Nord du pays, représente le parti Force Cauris pour un Bénin émergent (FCBE), la plus grande formation politique d'opposition autrefois porté par l'ancien chef de l'Etat Thomas Boni Yayi.

Après des études aux Etats-Unis et en France, cet expert en management des entreprises a dirigé plusieurs compagnies publiques au Bénin, tout en épousant une discrète carrière politique.

Au début des années 2010 il devient député du FCBE et ministre de l'Enseignement secondaire sous la présidence de M. Boni Yayi, dont il fut un proche.

En février 2020 cependant, l'ancien président Boni Yayi claque la porte de son parti, l'accusant d'être à la solde du nouveau chef de l'Etat Patrice Talon.


Alassane Soumanou Djimba, lui, reste et participe même activement à la campagne du parti pour les élections municipales, en dépit des appels au boycott émanant des autres partis d'opposition.

Ce père d'une famille nombreuse revendique volontiers son appartenance à une opposition modérée et vante le pragmatisme en politique.

"On nous a traité de vendu mais aujourd'hui les gens nous félicitent", assure le candidat, lunettes à fine monture sur le nez.


Une nouvelle loi électorale imposait aux candidats d'être parrainé par au moins 16 députés ou maires pour participer au scrutin, or aucun des partis d'opposition ne disposait d'autant d'élus. Pour participer, il fallait nécessairement obtenir les parrainages d'élus de la majorité présidentielle.

"Si je ne suis pas élu président, ce ne sera pas du fait de Patrice Talon, mais du fait du peuple", assure M. Soumanou.

Et "Si Talon est élu ? je l'appellerai et le féliciterai", dit-il.


- Corentin Kohoué -

Peu de Béninois connaissaient jusqu'ici le visage et les yeux souriants de Corentin Kohoué, 67 ans, qui, après une longue carrière comme administrateur civil, a décidé de se lancer dans la course à la présidentielle.

"Je ne suis pas l’homme des caméras. Je n’aime pas les projecteurs", soutient M. Kohoué.

Pourtant membre des Démocrates, le nouveau parti de l'ancien président Thomas Boni Yayi, M. Kohoué a décidé de présenter une candidature dissidente à quelques jours seulement des dépôts des dossiers à la Commission électorale.


Il se présente sous la bannière de "Restaurer la confiance", un mouvement politique nouveau, inconnu du public jusqu'alors, et dont le logo - plutôt énigmatique - est une immense orange.

S'il reconnait que sa candidature peut surprendre, cet ancien député et deux fois préfet, assure être "candidat pour permettre à l'opposition de prendre le pouvoir".

"Je suis en politique depuis 1967 bien avant que Talon ne commence ses affaires commerciales. Si vous connaissiez mon parcours et mes prises de position antérieure, vous diriez le contraire", lance M. Kohoué.


Cet ancien communiste, formé en économie au Bénin, en Hongrie et en France, a pris la voie du socialisme en 1990 au moment où le Bénin restaurait la démocratie, après 15 années de régime marxiste-léniniste.

Il s'oppose ainsi à Patrice Talon "le capitaliste" et critique sévèrement les réalisations de son quinquennat.

Il dénonce également "une démocratie en souffrance" et promet, en cas de victoire, de faire revenir les grandes figures de l'opposition, en exil à l'étranger depuis qu'elles ont été condamnées par la justice de leur pays.