Le gouvernement tchadien a condamné vendredi l’agression et la séquestration de la ministre de l'Enseignement supérieur et de son secrétaire d’État lors d'une visite la veille à l'université de Toukra, à une quinzaine de kilomètres de la capitale N'Djamena.
Lydie Beassemda, première femme candidate à une élection présidentielle en avril, et nouvelle ministre de l'Enseignement supérieur, et son secrétaire d’État, Mamadou Gana Boukar, "ont fait l’objet d’une agression suivie d’une séquestration par une bande de jeunes excités", a assuré le porte-parole du gouvernement Abderaman Koulamallah, dans un communiqué reçu vendredi par l'AFP.
"Ce groupe a proféré des menaces de mort à leur endroit et a usé d’une violence inouïe en brûlant plusieurs véhicules officiels", a-t-il poursuivi, précisant que les faits s'étaient déroulés jeudi dans la matinée.
"Les forces de l’ordre ont appréhendé certains individus impliqués dans ces actes scandaleux et elles continuent leurs investigations pour retrouver leurs complices. Une plainte sera déposée auprès du procureur de la République", a également indiqué M. Koulamallah.
Des étudiants de l'université ont profité de cette visite pour "réclamer de meilleures conditions d'études" avant de prendre violemment à partie la délégation. Les ministres ont ensuite été exfiltrés par les forces de l'ordre, selon plusieurs sources estudiantines.
Depuis la mort d'Idriss Déby Itno le 19 avril, un Conseil militaire de transition (CMT) a été mis en place, dirigé par le fils du défunt président. Composé de 15 généraux parmi les plus fidèles d'Idriss Déby, le CMT a promis des "élections libres et démocratiques" dans un délai de 18 mois, renouvelable une fois.
Des manifestations sont organisées chaque semaine par l'opposition qui dénonce un "coup d’État institutionnel".
Mais ces marches, systématiquement interdites par les autorités, peinent à rassembler et sont sévèrement réprimées quand elles ont lieu. Le 27 avril, six personnes avaient été tuées à N'Djamena et dans le sud du Tchad, selon les autorités, neuf selon une ONG locale.
Mercredi, très peu de manifestants ont répondu à l'appel de la plateforme de l'opposition Wakit Tama. Les quartiers les plus contestataires n'ont pas été perturbés et la vie a suivi son cours normal, a constaté un journaliste de l'AFP.
Le porte-parole de la police Paul Manga a affirmé à l’AFP que tous les manifestants interpellés lors de ces rassemblements avaient été libérés, ce que dément la plateforme Wakit Tama.
Selon la Convention tchadienne de défense des droits de l'homme, une ONG locale, 11 manifestants ont été arrêtés dans la capitale, 8 à Bangor et 8 à Moundou, à respectivement quelque 250 km et 450 km de N'Djamena.
"La dynamique qui a commencé avec Wakit Tama s'est essoufflée parce que certains membres de l'opposition sont entrés dans le gouvernement et commencent à reconnaître le CMT", a expliqué à l'AFP Evariste Ngarlem Tolde, enseignant-chercheur et politologue tchadien.
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