Afrique du Sud: Zuma au tribunal lundi pour corruption, après les émeutes

Publié le 18 juil. 2021 à 11:47 Modifié le 18 juil. 2021 à 14:47

  • Afrique du Sud: Zuma au tribunal lundi pour corruption, après les émeutes

Le procès pour corruption de l'ex-président sud-africain Jacob Zuma, 79 ans, dont l'incarcération a servi de détonateur pour les violences qui ont secoué le pays cette semaine tuant plus de 200 personnes, doit reprendre lundi.

Le procès pour corruption de l'ex-président sud-africain Jacob Zuma, 79 ans, dont l'incarcération a servi de détonateur pour les violences qui ont secoué le pays cette semaine tuant plus de 200 personnes, doit reprendre lundi.


Englué dans de multiples scandales et accusations de corruption, l'ancien chef d'Etat est jugé dans une affaire de pots-de-vin vieille de plus de 20 ans.

Les violences ont éclaté le 9 juillet dans son bastion du Kwazulu-Natal (Est), au lendemain de son incarcération pour outrage, avant de s'étendre à Johannesburg. Il avait été condamné fin juin pour avoir à de multiples reprises refusé de témoigner devant une commission qui enquête sur la corruption d'Etat sous sa présidence (2009-2018).

Les soutiens de M. Zuma sont accusés d'avoir fomenté le chaos des derniers jours, que le président Cyril Ramaphosa a qualifié de tentative orchestrée de déstabiliser le pays.

L'ancien président doit répondre lundi devant le tribunal de Pietermaritzburg (Est), de seize chefs d'accusation de fraude, corruption et racket liés à l'achat, en 1999, de matériel militaire auprès de cinq sociétés d'armement européennes, alors qu'il était vice-président.

Il est accusé d'avoir empoché plus de quatre millions de rands (soit 235.000 euros au taux actuel), notamment du groupe français Thales qui était l'une des entreprises attributaires du juteux contrat d'une valeur globale d'environ 2,8 milliards d'euros.

Le géant français de la défense est également poursuivi pour corruption et blanchiment. M. Zuma, comme Thales, ont toujours nié ces accusations.

- "Affronter la tempête" -

L'audience sera virtuelle, en raison de l'instabilité dans la province, a annoncé le juge Piet Koen. M. Zuma ne sera donc pas sorti de prison pour y assister. Ses partisans pourraient cependant manifester en nombre devant le tribunal, comme ils le font régulièrement pour soutenir leur champion.

La fondation de M. Zuma a affirmé s'opposer à cette virtualité, réclamant soit une audience physique, soit un report de la reprise du procès.

"Si ont peut se mettre d'accord sur une audience en présentiel, nos avocats sont prêts", a affirmé dimanche à l'AFP le porte-parole de M. Zuma, Mzwanele Manyi. "Sinon il faut reporter l'audience, même d'une semaine, quand les conditions dans le pays seront plus sereines".

M. Zuma, en dépit de nombreux scandales de corruption qui ont entaché sa présidence, conserve une grande influence, notamment dans ce pays zoulou dont il est originaire mais aussi au sein de l'ANC, le parti historique au pouvoir.

Les juges ne céderont pas aux "pressions politiques", présage l'analyste Ralph Mathekga, "la machine judiciaire va devoir affronter la tempête", dit-il à l'AFP.

"Les gens vont observer le comportement des juges", avertit Sipho Seepe, de l'Université du Kwazulu-Natal, et "s'ils ont le sentiment que justice n'est pas rendue, ils protesteront".

Ce procès a déjà été plusieurs fois reporté, l'ex-président multipliant les recours. Lors de la précédente audience en mai, M. Zuma avait annoncé plaider non coupable, avant que les débats ne soient rapidement ajournés.

Ses avocats ont réclamé la récusation de l'avocat du ministère public, Me Billy Downer, l'accusant de partialité. Devant une foule de partisans aux abords du tribunal, l'ancien président s'était défendu de chercher à retarder la suite du procès.

"Nous allons plaider vigoureusement pour que cette demande soit rejetée", a déclaré à l'AFP le parquet.

M. Zuma avait été contraint en 2018 à la démission après la révélation d'une série de scandales. Son successeur Cyril Ramaphosa a promis d'éradiquer la corruption mais doit lui aussi être entendu par une commission anti-corruption. 

L'accusation prévoit de citer plus de 200 témoins lors du procès.