Le mandat d'arrêt international qui vise l'ancien député malien Karim Keïta, fils aîné de l'ancien président Ibrahim Boubacar Keïta renversé en 2020 par un coup d'Etat, dans une enquête sur la disparition d'un journaliste, a pour fondement "une circonstance politique", ont dénoncé lundi ses avocats.
"Le mandat d’arrêt en cause a pour fondement réel une circonstance politique et non de droit commun", écrivent les avocats de M. Keïta, dans un courrier adressé à Interpol dont l'AFP a eu connaissance.
Le 5 juillet dernier, le tribunal de grande instance de la commune IV de Bamako avait lancé un mandat d'arrêt international à l'encontre de Karim Keïta et l'avait transmis à Interpol afin que l'organisme diffuse une "notice rouge", selon une source proche de l'enquête.
Les "notices rouges" d'Interpol, émises à la demande d'un Etat, consistent à demander aux autorités dans le monde de localiser et arrêter un fugitif recherché pour une extradition, sa remise ou toute autre procédure judiciaire.
L'enquête qui vise Karim Keïta concerne la disparition d'un journaliste d'investigation âgé d'une cinquantaine d'années, Birama Touré, qui travaillait pour l'hebdomadaire de Bamako Le Sphinx. Il n'a plus été vu depuis le 29 janvier 2016, selon sa famille et le directeur de la publication, Adama Dramé.
Ces derniers disent craindre qu'il ait été enlevé, torturé et tué après plusieurs mois de détention, mais Karim Keïta a toujours fermement démenti toute implication dans la disparition du reporter.
Karim Keïta a trouvé refuge à Abidjan après le coup d'Etat militaire qui a renversé son père en août 2020.
"Karim Keïta n'est pas un fugitif et les autorités maliennes n'ignorent pas qu'il s'est installé en Côte d'Ivoire pour des raisons qui tiennent à sa sécurité personnelle", explique le courrier des avocats.
"Au Mali, un pouvoir de fait s'étant substitué à l'autorité judiciaire, il est possible d'en déduire qu'en l'état, il existe un risque sérieux que M. Karim Keïta soit privé des garanties de l'exigence d'un procès équitable", affirme la lettre.
Lundi après-midi, deux semaines après l'émission du mandat d'arrêt, Karim Keïta ne figurait pas sur la liste des "notices rouges", sur le site officiel d'Interpol.
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