Tanzanie : la défense de l’opposant Mbowe dénonce une "interférence" du pouvoir

Publié le 13 août 2021 à 12:18 Modifié le 8 sept. 2022 à 11:50

  • Tanzanie : la défense de l’opposant Mbowe dénonce une "interférence" du pouvoir

L'avocat du président du principal parti d'opposition tanzanien, Freeman Mbowe, a demandé vendredi l'abandon des poursuites pour terrorisme contre son client, dénonçant une "interférence" du pouvoir après de récents propos de la nouvelle présidente.

L'avocat du président du principal parti d'opposition tanzanien, Freeman Mbowe, a demandé vendredi l'abandon des poursuites pour terrorisme contre son client, dénonçant une "interférence" du pouvoir après de récents propos de la nouvelle présidente.


Freeman Mbowe, 59 ans, a été arrêté fin juillet avec d'autres figures de Chadema après avoir appelé à un rassemblement pour demander des réformes constitutionnelles. Son arrestation a suscité l'indignation de son parti et d'organisations de défense des droits.


Il devait comparaître vendredi devant le tribunal de Kisutu, à Dar es Salaam, pour "financement du terrorisme" et "complot terroriste".

L'audience a finalement été reportée au 27 août, M. Mbowe n'ayant pu être transféré de la prison en raison de problèmes de transports, a déclaré son avocat Peter Kibatala.


Le dossier est en cours de transfert vers une cour supérieure. 

L'avocat a déclaré avoir déposé une requête demandant l'abandon des charges et l'annulation du procès, accusant implicitement la présidente Samia Suluhu Hassan de s'être mêlée de l'affaire.


"Nous avons soumis un avis demandant au tribunal de Kisutu de présenter à la cour supérieure les déclarations d'une institution gouvernementale qui, selon nous, ont directement interféré (avec) l'indépendance du tribunal", a déclaré Peter Kibatala aux journalistes à l'extérieur de la salle d'audience.

"Je n'ai pas besoin de mentionner l'institution gouvernementale parce que presque tout le monde l'a entendue", a-t-il ajouté. 

Dans une interview à la BBC publiée en début de semaine, la présidente a assuré que les accusations portées contre Freeman Mbowe n'étaient "pas politiques" et résultaient d'une enquête de près d'un an.


"Je soupçonne que, connaissant les charges auxquelles il était confronté, il a calculé que s'il était arrêté, il pourrait prétendre que c'était parce qu'il faisait pression pour une nouvelle constitution", a ajouté Mme Hassan. 

"Avec de tels propos, nos clients se sentent déjà condamnés", a affirmé Kibatala.

La Tanzanie de John Magufuli, l'ancien président décédé en mars, était marquée par une politique autoritaire, particulièrement rude envers les médias, les critiques et, plus généralement, la liberté d'expression.


Peu après son arrivée, Mme Hassan a, elle, promis de défendre libertés et démocratie. Mais l'espoir d'un renouveau politique dans ce pays a été affecté l'arrestation de M.Mbowe.

Mercredi, un journal détenu par le parti au pouvoir de Mme Hassan a été suspendu pour deux semaines après la publication d'un article jugé "faux" au sujet de la présidente.