Huit policiers et 11 militaires congolais ont été condamnés lundi en appel à des peines de 12 mois à 20 ans de prison ferme pour des viols commis principalement sur des mineures, a-t-on appris mardi auprès de la cour militaire du Sud-Kivu, dans l'est de la RDC.
Les 19 hommes ont également été condamnés au paiement de dommages et intérêts, à l'issue d'une audience foraine tenue du 20 au 30 août à Walungu, à environ 40 km de Bukavu, chef-lieu de la province.
"Ce procès en appel est exemplaire pour les droits des femmes", a estimé le colonel-magistrat Innocent Mayembe Sangala, premier président de la cour militaire du Sud-Kivu, interrogé mardi par l'AFP à son retour à Bukavu.
"Je demande à tous les militaires et policiers de respecter les droits des femmes", a-t-il ajouté, soulignant que la justice était "extrêmement rigoureuse en matière de viol, et surtout de viol d’enfants".
Les victimes sont des enfants dont l’âge varie entre 3 mois et 17 ans, ainsi que "des femmes qui ont été arrachées aux mains de leurs époux ou violées devant leurs frères et leurs enfants". "C’était tellement sauvage que la cour ne pouvait pas être clémente", a-t-il encore commenté.
Les viols jugés ont été commis sur une période allant de 2016 à 2021 dans plusieurs agglomérations du Sud-Kivu, comme au camp militaire Saïo dans la ville de Bukavu, et dans les territoires de Walungu, Kabare, Uvira et Fizi.
L'audience a eu lieu avec le soutien de la fondation Panzi du Dr Denis Mukwege, qui a reçu le prix Noel de la paix en 2018 pour son engagement contre les violences sexuelles faites aux femmes dans l'est de la RDC. La fondation, qui apporte également un soutien juridique aux victimes pour lutter contre l'impunité des auteurs de crimes sexuels, s'était portée partie civile au procès.
"C’est un sentiment de satisfaction totale", parce que sur une vingtaine de dossiers, "nous venons d’obtenir 16 confirmations de jugement du premier juge", a déclaré de son côté Migabo Ngabo, un avocat des parties civiles.
Pour la défense, Me Edom Cikuru s'est également déclaré satisfait, car la cour d'appel a acquitté quatre accusés qui avaient été condamnés en première instance. Pour les condamnés, "nous allons aller à la Haute cour militaire", a-t-il dit, espérant que cette juridiction pourrait casser les décisions prises par la cour de Bukavu.
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