La prise de pouvoir par des putschistes en Guinée a suscité des inquiétudes pour sa stratégique industrie minière, et en particulier pour l'accès à ses énormes réserves en bauxite, le principal minerai nécessaire à la production d'aluminium.
Le prix de ce métal a atteint mercredi un nouveau record depuis 13 ans. Mais la menace pour la chaîne de production mondiale semble contenue pour le moment.
Le secteur minier (or, bauxite, diamants) est stratégique en Guinée : ces activités représentaient environ 15% du PIB l'an dernier et autour de 80% des exportations du pays, selon le Macro Poverty Outlook de la Banque Mondiale.
Ce pays d'Afrique de l'Ouest (13 millions d'habitants) possède en particulier les plus larges réserves de bauxite au monde, avec 7,4 milliards de tonnes estimées, selon un rapport de l'US Geological Survey portant sur 2020. C'est environ 25% des réserves mondiales.
Extraite du sol, la bauxite est une roche rouge ou grise, transformée en alumine avant de devenir l'aluminium. Le métal est ensuite utilisé dans des industries variées : transports, automobile, bâtiment, alimentaire...
Les opérateurs locaux et étrangers ont produit l'année dernière 82 millions de tonnes de bauxite en Guinée. Seule l'Australie a fait mieux. Et la Chine a importé 47% de sa bauxite de Guinée, selon le consultant en matières premières CRU, augmentant ses emplettes de façon croissante en raison d'une "détérioration de la qualité et de la quantité des réserves nationales".
En dehors de perturbations de court terme, les observateurs se montrent relativement confiants. "Le scénario le plus probable est que les mineurs soient autorisés à continuer à opérer", commente Eric Humphery-Smith, analyste Afrique pour la société de conseil en risques Verisk Maplecroft.
Le chef des putschistes guinéens, le lieutenant-colonel Doumbouya, a tenté lundi de rassurer les partenaires et investisseurs étrangers en demandant aux compagnies minières de continuer à travailler et en affirmant que "les frontières maritimes resteraient ouvertes pour les activités d'exportation".
"Je n'anticipe pas de perturbation majeure pour la production et les exportations si la sécurité peut être garantie", déclare à l'AFP Daniel Briesemann, analyste pour Commerzbank. Toutefois, il existe un faible risque qu'un prochain gouvernement guinéen impose une renégociation des contrats ou une expropriation à des opérateurs étrangers dans le pays, estime Eric Humphery-Smith.
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