Manifestations meurtrières au Tchad : 80 jeunes remis en liberté provisoire

Publié le 9 déc. 2022 à 08:43

  • Manifestations meurtrières au Tchad : 80 jeunes remis en liberté provisoire

Quatre-vingts jeunes arrêtés au cours d'une manifestation réprimée dans un bain de sang en octobre au Tchad ont été remis en liberté provisoire jeudi après un mois et demi de détention dans une prison de haute sécurité en plein milieu du désert.

"Les avocats des enfants et le directeur général du ministère de l'action sociale ont introduit une demande de liberté provisoire en leur faveur et le juge a accédé à cette demande", a annoncé le procureur de la République de N'Djamena, Moussa Wade Djibrine. 

Présentés comme des "mineurs" par le procureur, ce dernier avait indiqué lundi que ces jeunes, âgés de 13 à 18 ans, seraient présentés devant un juge pour enfants. 

Ils avaient été arrêtés à N'Djamena pendant et après la manifestation organisée le 20 octobre contre le pouvoir qui avait fait une cinquantaine de morts, quand les forces de l'ordre avaient ouvert le feu sur la moindre tentative de rassemblement. Les autorités avaient reconnu plus de 600 arrestations dans la capitale.

Lundi, M. Djibrine, avait annoncé la condamnation de 262 personnes à des peines de 2 à 3 ans de prison ferme à l'issue d'un procès de masse de 401 personnes qui s'est tenu pendant quatre jours à huis clos dans le bagne de Koro Toro, à 600 km au nord-est de la capitale, où les manifestants arrêtés avaient été massivement transférés. 

Quatre-vingts d'entre eux - majoritairement des jeunes manifestants - ont écopé de un à deux ans d'emprisonnement avec sursis, et 59 ont été relaxés.

Ces jeunes, dont un tiers sont âgés de moins de 16 ans, avaient également été transférés à Koro Toro où ils ont été détenus pendant un mois et demi avant d'être rapatriés dans une prison de N'Djamena. Leurs avocats avaient dénoncé une procédure de dépaysement "illégale". 

Si une demande de liberté provisoire a été acceptée par le juge, "l'instruction suit son cours", a rappelé M. Djibrine. Ils sont poursuivis notamment pour des faits "d'attroupement non autorisé", de "destruction des biens" ou encore de "troubles à l'ordre public".