La maison de l'ex-Premier ministre guinéen Cellou Dalein Diallo a été rasée samedi par la junte au pouvoir qui a toutefois assuré lundi qu'elle "se pliera" à la décision attendue de la part de la justice sur le recours introduit par l'ancien chef de gouvernement.
M. Diallo avait quitté son domicile à Dixinn, un quartier de la capitale guinéenne, le 28 février, les nouvelles autorités lui ayant enjoint le 15 février de quitter les lieux avant cette date.
L'administration a entrepris la même démarche à l'encontre de l'autre grande personnalité politique guinéenne, en dehors du pouvoir, Sidya Touré, un autre ancien chef de gouvernement. Mais sa maison n'a pas été détruite.
Samedi des bulldozers, encadrés par un dispositif important de forces de l'ordre, ont rasé la maison de M. Diallo et ses dépendances.
Lundi, le porte-parole du gouvernement Ousmane Gaoual Diallo a justifié cette décision.
Le gouvernement "a décidé d'agir ainsi parce que les programmes de reconstruction sont urgents et sont sur la table. Il faut avancer. Cela n’empêche pas la justice de faire son chemin", a-t-il dit, ajoutant que "les procédures judiciaires prennent le temps qu’il faut sans aucune interférence de l'exécutif. L'Etat se pliera à la décision judiciaire quelle qu’elle soit".
Le porte-parole n'a pas dit ce que feraient les autorités si le juge donnait raison à M. Diallo.
L'administration affirme que le bien appartient au domaine public, tandis que M. Diallo affirme que son domicile est un bien privé qui lui a été vendu par l'Etat en 2005.
Les autorités ont aussi fait démolir samedi plusieurs autres maisons situées dans la "Cité ministérielle" de Conakry, des constructions habitées par des familles de dignitaires guinéens depuis le régime du premier président Ahmed Sékou Touré (1958-1984) jusqu'à celui du président Alpha Condé, déposé en septembre 2021 par un coup d'Etat.
Dans un communiqué samedi, la junte avait indiqué que cette opération rentrait "dans le cadre de la récupération des domaines de l'Etat".
Les militaires ont dit faire de la lutte contre la corruption réputée endémique l'un de leurs grands combats.
Le colonel Mamady Doumbouya, chef de la junte qui s'est fait investir président, a assuré qu'il n'y aurait pas de "chasse aux sorcières" mais que la justice serait la "boussole" du pays. La junte a cependant procédé à l'éviction de nombreux cadres des services de l'Etat.
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