Des hommes armés encerclaient à nouveau mardi le domicile à Bamako d'une figure de l'opposition, Oumar Mariko, convoquée par les autorités après qu'il a critiqué la junte au pouvoir et suggéré que l'armée était en train d'"assassiner des gens", a appris l'AFP auprès de sa famille et de témoins.
Ces hommes armés avaient quitté lundi soir le domicile de M. Mariko, chef du parti SADI (gauche). Ils lui avaient laissé une convocation à se présenter à la gendarmerie mardi matin, à laquelle l'opposant n'a pas répondu.
Ils sont revenus mardi après-midi encercler la maison, selon des témoins et la famille de M. Mariko. L'accès et la sortie du domicile, en périphérie de Bamako, étaient devenus impossibles, selon les mêmes sources.
Lors d'une réunion publique, Oumar Mariko a laissé entendre que l'armée était venue "assassiner des gens" à Moura, dans le centre du pays.
Selon une vidéo d'un extrait de ce discours, consultée par l'AFP, M. Mariko a listé plusieurs tueries récentes au Mali et les a jugées "inacceptables", y compris celle survenue la semaine dernière à Moura.
L'armée malienne a annoncé vendredi avoir tué "203 combattants" de "groupes armés terroristes" lors d'une opération dans une zone sahélienne menée du 23 au 31 mars.
Cette annonce a été suivie d'une vague de condamnations, de la France aux Etats-Unis en passant par les Nations unies, sur de possibles "exactions" de soldats maliens et de mercenaires russes.
Les soldats maliens associés à des combattants étrangers présumés être russes ont exécuté sommairement entre le 27 et le 31 mars 300 civils, dont certains qu'ils soupçonnaient d'être des jihadistes, fin mars dans une localité du centre du pays, a dénoncé Human Rights Watch dans un rapport publié mardi.
Le Mali, pays pauvre de 21 millions d'habitants, est gouverné par une junte depuis un coup d'Etat militaire en août 2020.
La junte a promis de rétablir un régime civil après le putsch mais elle est sous le coup de sanctions de la Cédéao, l'organisation régionale de l'Afrique de l'Ouest, pour avoir ignoré un engagement antérieur d'organiser des élections en février cette année.
Des pans entiers du Mali échappent au contrôle du gouvernement sous la pression de groupes jihadistes depuis 2012, entraînant un conflit qui s'est depuis étendu au Burkina Faso et au Niger voisins.
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