Sierra Leone : le gouvernement assure contrôler la situation après une journée d'affrontements

Publié le 27 nov. 2023 à 10:18

  • Sierra Leone : le gouvernement assure contrôler la situation après une journée d'affrontements

Le président sierra-léonais Julius Maada Bio a affirmé dimanche soir que le calme avait été rétabli après une journée d'affrontements armés à Freetown qu'il a présentés comme une tentative de déstabilisation de l'Etat et dont la plupart des responsables ont été arrêtés selon lui.

"Le calme est rétabli" après ce qu'il a décrit comme une "tentative visant à saper la paix et la stabilité à laquelle nous travaillons si durement", a dit M. Bio sur la télévision d'Etat au terme d'une journée qui a vu des inconnus tenter de forcer une armurerie militaire à Freetown, affronter les forces de sécurité en plusieurs points de la capitale et faire sortir de nombreux détenus de prison.

Les autorités ont décrété un couvre-feu dans tout le pays jusqu'à nouvel ordre.

"La plupart des leaders ont été arrêtés" et ils devront rendre des comptes, a dit M. Bio lors d'une courte intervention, sans plus de précisions à leur sujet.

Le ministre de l'Information Chernor Bah avait déclaré un peu plus tôt à l'AFP que "la situation sécuritaire à Freetown (était) sous le contrôle ferme du gouvernement".

Un calme précaire revenait en ville, a constaté un correspondant de l'AFP. Cependant, des checkpoints gardés par des forces de sécurité importantes ont été maintenus en place.

Aucun bilan humain officiel des violences n'a été communiqué.

Des vidéos postées sur les réseaux sociaux montrent quelques hommes en uniforme visiblement en état d'arrestation à l'arrière ou auprès d'un pick-up militaire. Les réseaux sociaux ont cité, photos à l'appui, un ancien membre de la garde rapprochée de l'ex-président Ernest Bai Koroma (2007-2018) comme un des participants à l'opération tués par les forces de sécurité.

L'aviation civile a demandé aux compagnies aériennes de reprogrammer leurs vols après la levée du couvre-feu, tout en assurant que l'espace aérien restait ouvert.

Les événements ont réveillé le spectre d'une nouvelle tentative de coup d'Etat dans une Afrique de l'Ouest qui, depuis 2020, en a connu au Mali, au Burkina Faso, au Niger et en Guinée voisine de la Sierra Leone.

La Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao) a parlé dans un communiqué de tentative de faire main basse sur des armes de l'armurerie, mais aussi de "troubler la paix et l'ordre constitutionnel", langage communément employé pour les coups de force politiques. La représentation locale de l'Union européenne s'est dite "inquiète" et a appelé à "respecter l'ordre constitutionnel".

La Sierra Leone, pays anglophone, a traversé une crise politique à la suite d'élections présidentielle et générales contestées en juin 2023. L'un des pays les plus pauvres du monde, elle est aussi confrontée à de grandes difficultés économiques.

Freetown s'est réveillée avant le lever du jour au son des détonations.

"J'ai été réveillée vers 04H30 (locales et GMT) par un fort bruit de mitrailleuse et de bombes venant du côté de la caserne de Wilberforce", a dit à l'AFP Susan Kargbo, une témoin jointe par téléphone. "J'étais sous le choc, en panique (...) C'était comme en temps de guerre. Je n'ai pas pu aller à l'église à cause du couvre-feu", a-t-elle dit.

Le gouvernement a indiqué que des individus avaient tenté de prendre d'assaut l'armurerie de la caserne de Wilberforce, une des principales du pays, mais avaient été repoussés.

Un couvre-feu a été instauré dans tout le pays, laissant les rues de Freetown presque désertes, comme le montrent des vidéos aériennes tournées par l'AFP.