L'arrière du véhicule dans le dos du conducteur est vide de banquettes. Tout le long des vitres s'étire un plan de travail sur lequel sont disposés une dizaine d'ordinateurs portables soigneusement alignés devant des chaises.
Des écoliers et des écolières en uniforme tout juste sortis de leurs cours habituels montent alors dans le minibus et s'assoient devant les laptops pour apprendre à s'en servir.
Jeremiah Lloyd Cooper, un technicien de l'information et des télécommunications âgé de 36 ans, a lancé ce "Computer Lab on Wheels" ("salle informatique sur roues", ou "weblabomobile") en novembre.
Ayant travaillé dans des cybercafés de la région, il a fait voeu de connecter les communautés rurales, et obtenu un financement de 40.000 dollars du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) pour créer sa start-up, New Breed Tech Hub (littéralement "Pôle technologique nouvelle formule").
"On peut aller n'importe où et former les enfants, les jeunes, les femmes dans des endroits délaissés", dit-il.
Son entreprise a déjà dispensé le savoir informatique à un millier d'élèves, dit-il.
Lui-même ressent encore l'humiliation subie à son premier jour d'université quand il s'est présenté à un cours de technologie de l'information sans savoir taper sur un clavier.
"J'ai eu mon bac sans la moindre connaissance informatique. Depuis, je rêve de partager mes connaissances informatiques avec des enfants qui passent le bac", confie-t-il.
Il dit demander aux élèves une contribution financière modique, mais assure arriver à dégager des revenus.
De telles formations sur ordinateur existent surtout à Monrovia. Des élèves des zones rurales s'y rendent exprès pour apprendre.
Le Liberia, l'un des pays les moins développés au monde, est aussi à la traîne en matière d’internet : seule 26% de sa population l'utilisait en 2020, contre 70% en Afrique du Sud ou 90% en Australie, selon la Banque mondiale.
La formation proposée par New Breed Tech Hub est destinée à des apprenants qui ont déjà un accès à internet, via le téléphone portable par exemple.
Ce jour-là, Comfort Gbelee, élève de 18 ans au lycée J. W. Pearson à Ganta, s'entraîne sur le clavier.
"L'ordinateur, c'est très important, on y écrit plus vite qu'au tableau", dit-elle. "Avec les cahiers ou au tableau, on fait des fautes. Mais les ordinateurs, eux, ne se trompent pas".
Ce cours peut lui changer la vie, croit-elle.
"Il y a beaucoup d'émulation chaque fois que nous nous rendons dans un nouveau groupe", s'émerveille Martin Payedoe, l'une des coaches. "Les élèves ont envie, ils veulent apprendre".
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