La force de la Communauté des Etats d'Afrique de l'Est (EAC), créée en juin dernier, est chargée, en plus de la force de l'ONU (Monusco), de ramener la paix dans l'Est congolais, en proie aux violences armées depuis près de 30 ans.
Au moins 45 soldats sud-soudanais sont arrivés dans la ville de Goma en fin de matinée et d'autres contingents sont attendus à des dates ultérieures.
La majeure partie de la région est sous la coupe de dizaines de groupes armés, restes des guerres régionales des années 1990 et 2000.
Dans la province du Nord-Kivu, le M23 (Mouvement du 23 mars), ancienne rébellion majoritairement tutsi, s'est emparé depuis un an de vastes pans de territoire jusqu'à quelques dizaines de kilomètres de Goma, la capitale provinciale, déclenchant une vaste crise humanitaire.
Le M23, qui a repris les armes fin 2021, est soutenu, selon la RDC et des experts de l'ONU, par le Rwanda ce que Kigali dément.
La force de l'EAC, qui comprend outre les Sud-Soudanais des soldats du Kenya, du Burundi et de l'Ouganda, doit superviser un retrait programmé de la rébellion.
"Bienvenue à Goma", a déclaré le colonel Jok Akech, un officier de la force de l'EAC, en accueillant les soldats sud-soudanais.
"Maintenant vous êtes dans un environnement opérationnel différent. Vous devez vous tenir prêts", a-t-il ajouté.
La taille exacte du contingent sud-soudanais au complet reste non précisée, de même que son lieu de déploiement. En décembre, le Sud-Soudan avait annoncé l'envoi de 750 soldats en RDC.
Vaines initiatives
Également appelé "Armée révolutionnaire congolaise", le M23 est issu d'une ancienne rébellion tutsi congolaise jadis soutenue par le Rwanda et l'Ouganda, pays frontaliers du Nord-Kivu.
Le M23 s'était fait connaître en 2012 en prenant Goma avant d'en être chassé et d'être défait en 2013 par l'armée congolaise. Il fait à nouveau parler de lui depuis novembre 2021, lorsqu'il a été accusé d'avoir attaqué plusieurs positions militaires.
Le M23 reproche notamment aux autorités de Kinshasa de n'avoir pas respecté des engagements pris pour la démobilisation et la réintégration de ses combattants.
Après la résurgence du M23, plusieurs initiatives régionales ont tenté de désamorcer le conflit, en vain.
Un cessez-le-feu, obtenu avec la médiation de l'Angola, devait ainsi prendre effet le 7 mars mais s'est presque immédiatement effondré.
Le 30 mars devait marquer la fin du retrait "de tous les groupes armés", selon le calendrier adopté mi-février à Addis-Abeba par des chefs d'Etat de l'EAC. Mais cette échéance n'a pas été respectée.
Le commandant kényan de la force de l'EAC, le général Jeff Nyagah, a déclaré vendredi à des journalistes que le retrait prévu du M23 serait "séquentiel", alors que, selon des témoins, les rebelles sont encore dans Bunagana. Ce poste-frontière, important carrefour commercial à la frontière ougandaise, avait été la première prise rebelle importante et était tombé aux mains du M23 le 13 juin 2022.
Accueillie au départ avec enthousiasme, la force de l'EAC s'attire de plus en plus de critiques de la part de nombreux Congolais en raison des espoirs déçus de voir les troupes régionales s'attaquer directement au M23.
Dimanche, le porte-parole du contingent ougandais nouvellement déployé, le capitaine Kato Ahmad Hassan, a déclaré que les soldats seraient "une force neutre" et que "nous ne combattrons pas le M23".
Aux termes du plan prévu, les combattants du M23 doivent se retirer des zones occupées par les soldats ougandais, a-t-il dit.
Le M23 contrôle toujours une bonne partie du Nord-Kivu et a quasiment encerclé Goma, flanquée du Rwanda à l'est et du lac Kivu au sud.
Malgré l'absence d'affrontements majeurs depuis plusieurs semaines entre l'armée congolaise et le M23, l'insécurité perdure et des combats se poursuivent avec des milices rivales.
Selon des responsables locaux, des sources médicales et des habitants, 14 personnes ont été tuées dans des attaques dans la province du Nord-Kivu durant le week-end, dans des circonstances qui restent à éclaircir.
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