Le séisme, le plus meurtrier dans le royaume depuis plus de soixante ans, a dévasté des villages entiers dans une région située au sud-ouest de la cité touristique de Marrakech (centre).
Dans plusieurs localités, des membres des forces de sécurité continuent d'aider à creuser des tombes pour les victimes, alors que d'autres installent des tentes jaunes pour les sinistrés qui ont perdu leur logement.
A Marrakech, sur l'avenue Mohamed VI, des dizaines de personnes ont encore passé la nuit à l'extérieur, allongées sur le terre-plein central ou au pied de leurs voitures stationnées sur des parkings.
Dans la région sinistrée, des secouristes, volontaires et membres des forces armées s'activent de leur côté pour retrouver des survivants et extraire des corps des décombres, notamment dans des villages de la province d'Al-Haouz, épicentre du séisme au sud de Marrakech.
Dimanche soir, le Maroc a annoncé avoir répondu favorablement, "à ce stade", aux offres de quatre pays d'envoyer des équipes de recherche et sauvetage: l'Espagne, la Grande-Bretagne, le Qatar et les Emirats arabes unis.
Ces équipes sont entrées en contact avec leurs homologues au Maroc en vue de coordonner les efforts, a précisé le ministère de l'Intérieur.
L'Espagne a affirmé avoir envoyé au Maroc 86 secouristes accompagnés de chiens spécialisés dans la recherche de victimes. Un vol humanitaire a décollé du Qatar.
D'autres offres pourraient être acceptées à l'avenir "si les besoins devaient évoluer", a ajouté le ministère.
- "Le village est mort" -
De nombreux pays, de la France aux Etats-Unis, en passant par Israël, ont proposé leur aide après le séisme qui a fait 2.122 morts et 2.421 blessés, selon un dernier bilan officiel publié dimanche.
"Le Maroc est un pays souverain et c'est à lui d'organiser les secours", a réagi la ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna. Elle a annoncé une aide 5 millions d'euros aux ONG actuellement "sur place" au Maroc.
En attendant l'arrivée des nouvelles équipes de sauvetage étrangères, les autorités marocaines ont commencé à dresser des tentes dans le Haut-Atlas, où des villages ont été entièrement détruits par le séisme.
A Tikht, un petit village près d'Adassil, un minaret et une poignée de maisons en argile non peintes tiennent debout au milieu d'un paysage apocalyptique.
"La vie est finie ici", déplore Mohssin Aksum, 33 ans, un habitant. "Le village est mort."
Le séisme survenu tard vendredi soir, de magnitude 7 selon le Centre marocain pour la recherche scientifique et technique (6,8 selon le service sismologique américain), est le plus puissant à avoir jamais été mesuré au Maroc.
- Solidarité -
Face à l'ampleur des dégâts, la solidarité s'organise à Marrakech où de nombreux habitants se sont rués dans les hôpitaux pour donner du sang.
"Nous collectons des denrées alimentaires pour aider les zones touchées", a déclaré à l'AFP Ibrahim Nachit, membre de l'association Draw Smile qui prévoit aussi l'envoi d'une "caravane médicale" aux zones sinistrées.
"Les provisions alimentaires (déjà) collectées devraient pouvoir soutenir au moins 100 familles pendant une semaine", a dit Abdeltif Razouki, vice-président de l'association.
En plus des pertes humaines et des villages détruits, le patrimoine architectural du royaume a été affecté par le séisme. A Marrakech, sur les 700 hectares de la médina, la vieille ville, les dommages sont par endroits impressionnants.
Les remparts du XIIe siècle qui entourent la cité impériale, fondée vers 1070 par la dynastie des Almoravides, sont en partie défigurés.
"On peut d'ores et déjà dire qu'ils (les dégâts) sont beaucoup plus importants qu'on ne l'attendait. Nous avons constaté des fissures importantes sur le minaret de la (mosquée) Koutoubia, la structure la plus emblématique, mais aussi la destruction quasi-complète du minaret de la mosquée Kharbouch" sur la place Jemaa el-Fna, note Eric Falt, directeur régional du Bureau de l'Unesco pour le Maghreb.
Ce séisme est le plus meurtrier au Maroc depuis celui qui avait détruit Agadir, sur la côte ouest du pays, le 29 février 1960: près de 15.000 personnes, soit un tiers de la population de la ville, y avaient péri.
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