Une personne de 21 ans a été tuée, "très probablement par balle", a déclaré à l'AFP le Dr Djabir Ibrahim, chef des urgences de l'hôpital Maarouf de Moroni.
Cinq autres ont été blessées, dont l'une souffrant d'"un traumatisme thoracique grave avec pronostic vital engagé", a-t-il poursuivi.
Jeudi, des tensions sporadiques entre groupes de jeunes et forces de l'ordre se poursuivaient à Moroni.
Dans les ruelles du centre-ville, des groupes de jeunes hommes, le visage souvent dissimulé, ont jeté des pierres en direction des forces de l'ordre, qui ont répliqué avec des tirs de gaz lacrymogène.
"Nous combattons depuis plus de 24 heures parce que nous ne sommes pas d'accord avec les résultats des élections. C'est pour ça que nous avons brûlé des bâtiments officiels", a expliqué à l'AFP un jeune manifestant, qui n'a pas souhaité donner son nom.
Mercredi, les heurts s'étaient multipliés dans plusieurs quartiers de Moroni. Des bâtiments ont été vandalisés et incendiés: la maison d'un ministre, des locaux d'une entreprise d'Etat, un entrepôt de riz. Certains ont déchiré des affiches électorales du président réélu Azali.
Des barrages de fortune faits d'amas de pierres et de bouts de bois ont été dressés sur les routes.
- "Féroce et sauvage" -
Plusieurs arrestations ont eu lieu mais aucun détail n'a été rendu public. La contestation est rare dans le pays tenu d'une main de fer, et toute dissidence rapidement étouffée.
Un couvre-feu nocturne a été instauré sur les trois îles du pays (Grande-Comore, Anjouan et Mohéli) mercredi soir et jusqu'à une date indéterminée.
Une mesure qui est l'expression "d'une vraie dictature féroce et sauvage", lâche Saïd Mohamed Saïd Tourqui, membre d'un parti d'opposition.
La connexion à internet est largement perturbée depuis mercredi, certaines pages n'étant plus accessibles sur les réseaux sociaux.
Azali Assoumani a été réélu dimanche au premier tour avec 62,97% des voix mais seulement 16,30% de participation au scrutin, selon les chiffres officiels annoncés mardi soir. Cette victoire doit lui permettre de rempiler pour un troisième mandat consécutif et rester au pouvoir jusqu'en 2029.
L'opposition a dénoncé des "fraudes grossières" et des "bourrages d'urnes", réclamant l'annulation du scrutin.
"Ce n'est pas une contestation organisée mais nous sommes solidaires du mouvement spontané. Nous saluons le courage de ces jeunes. C'est un droit de manifester", souligne l'opposant candidat à la présidentielle, Daoudou Abdallah Mohamed, lors d'un entretien à l'AFP.
"Il faut que ce pays redevienne normal. Ce mépris d'Azali Assoumani et ses affidés doit cesser", renchérit un autre candidat de l'opposition, préférant s'exprimer sous couvert d'anonymat.
L'ONU avait lancé mercredi un appel "au calme" aux Comores, exhortant les autorités à protéger le droit de manifester.
Le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Volker Türk, a demandé également aux autorités de protéger les "principes démocratiques" et appelé les manifestants à éviter le recours à la violence.
Azali Assoumani, aujourd'hui 65 ans, a jeté en prison et poussé à l'exil nombre de ses opposants dans sa course au pouvoir. En 2018, il a fait passer une réforme constitutionnelle lui permettant de centraliser les pouvoirs.
Arrivé à la tête du pays en 1999 par un coup d'Etat, le colonel avait été élu une première fois en 2002. Après s'être un temps éloigné des affaires, il est revenu au pouvoir en 2016.
Composé des trois îles Grande-Comore, Anjouan et Mohéli, l'archipel des Comores compte 870.000 habitants dont 45% vivent sous le seuil de pauvreté, selon la Banque mondiale.
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