Le dimanche 14 janvier, autour de 18h50, "le lieutenant-colonel Evrard Somda, a été extrait manu militari par des hommes armés non identifiés (...). Il a été emmené vers une destination, sans mandat judiciaire et sans explication si ce n'est : +Mon colonel, nous avons reçu l'ordre de vous emmener+", a écrit son épouse Djamila Somda, dans une déclaration transmise à l'AFP.
"A ce jour, aucune communication officielle n'a été faite ni sur cet acte, ni sur les raisons, encore moins les auteurs", a-t-elle déploré, assurant être "sans nouvelles" de son époux depuis dimanche.
"J'invite les auteurs de cet acte à prendre toutes les diligences nécessaires afin de garantir son intégrité physique et morale ainsi que le respects de ses droits", poursuit-elle, précisant que "les investigations auprès du tribunal militaire n'ont révélé aucun ordre" tendant à cette arrestation.
M. Somda avait été limogé en octobre après l'interpellation de quatre officiers, dont deux de ses anciens proches collaborateurs soupçonnés d'être impliqués dans un "complot contre la sûreté de l'Etat", que le régime militaire au pouvoir affirmait avoir déjoué.
Selon ses proches, il ne quittait quasiment plus son domicile, depuis.
Mi-décembre, il avait été auditionné par la justice militaire en qualité de témoin, dans le cadre de l'enquête ouverte pour ce présumé "complot contre la sûreté de l'Etat".
Un autre de ses proches, l'influent homme d'affaires, Sansan Anselme Kambou, avait lui été enlevé mi-septembre par des agents du renseignement burkinabè. La justice avait ordonné sa libération, une décision non encore exécutée, selon sa famille.
L'épouse du lieutenant-colonel Somda a dit vendredi espérer "obtenir dans les plus brefs délais" de ses nouvelles.
Plusieurs cas d'enlèvements de voix considérées comme hostiles au régime militaire en place depuis septembre 2022 ont été rapportés ces derniers mois par des sources locales à Ouagadougou, notamment l'ex-ministre des Affaires étrangères Ablassé Ouédraogo, fin décembre.
Jeudi, le gouvernement du Burkina Faso, issu d'un coup d'Etat militaire en septembre 2022, a affirmé avoir déjoué une "énième tentative de déstabilisation" et lancé une traque contre un réseau impliquant des militaires et des civils.
Le Burkina Faso est confronté depuis 2015 à des violences jihadistes attribuées à des mouvements armés affiliés à Al-Qaïda et au groupe Etat islamique. Ces violences ont fait près de 20.000 morts et plus de deux millions de déplacés internes.
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