Directrice de cabinet de son père jusqu'à sa mort en 2009 puis collaboratrice de son frère Ali, renversé par un coup d'Etat en août dernier, Mme Bongo, 67 ans, est soupçonnée d'avoir accepté d'intervenir en faveur de la société française Egis Route dans l'attribution de marchés publics contre la promesse de huit millions d’euros.
Poursuivie pour corruption passive d'agent public étranger, elle est jugée avec l'entreprise et cinq autres prévenus.
"Ma cliente sera présente. Elle ne craint pas la justice française", indique à l'AFP son avocate, Corinne Dreyfus-Schmidt.
Pascaline Bongo, qui conteste les faits, "n'a été en contact avec personne, il n'y a pas de contrat signé, aucun marché n'a été conclu et rien dans le dossier ne permet de dire qu'il y a eu une remise d'argent", soutient Me Dreyfus-Schmidt.
"Rien ne tient dans ce dossier, le problème de compétence territoriale, les problèmes de prescription, les problèmes de qualification juridique... Tout ça pour arriver à renvoyer des gens devant une juridiction pour rien", insiste l'avocate, qui regrette "une attraction très forte de la justice française pour le nom Bongo".
Selon le quotidien Libération qui a dévoilé l'affaire, Mme Bongo aurait accepté un "partenariat fictif" pour qu'Egis participe à la création de l'Agence nationale des grands travaux du Gabon via un marché public de consulting.
Cette structure, créée par Ali Bongo après son arrivée à la tête du Gabon, supervisait les chantiers d'infrastructures (routes, stades) et les projets immobiliers publics.
Sur le banc des prévenus aux côtés de Pascaline Bongo, Egis Route, deux de ses anciens cadres et son directeur commercial, Christian Laugier, anciennement chargé des activités Afrique et ex-directeur général du groupe.
"Biens mal acquis"
Les trois hommes sont soupçonnés d'avoir proposé à Mme Bongo une rétrocommission de huit millions d'euros en échange d'un contrat.
Une avocate française, Me Danyèle Palazo-Gauthier, et l'homme d'affaires gabonais Franck Ping, fils de l'ancien ministre et ex-président de la commission de l'Union africaine (2008-2012) Jean Ping, comparaissent pour complicité de corruption passive d'agent public étranger.
Le parquet national financier (PNF) avait ouvert une enquête préliminaire en 2019 après la découverte "de curieux échanges, mails et documents évoquant l'affaire Egis", selon Libération, lors d'une perquisition au cabinet parisien de Mme Palazao-Gauthier dans le cadre du dossier dit des "biens mal acquis".
Dans cette affaire, des juges parisiens se penchent depuis plus de 15 ans sur des soupçons de détournements de fonds publics ayant permis aux familles des présidents Denis Sassou Nguesso (Congo-Brazzaville) et Bongo de s'être constitué un patrimoine immobilier et mobilier considérable en France.
Au total, dix descendants du richissime patriarche gabonais (président de 1967 jusqu'à sa mort en 2009), ont été mis en examen depuis mars 2022.
L'ex-miss France Sonia Rolland et la banque BNP sont également mises en cause dans le volet gabonais des "biens mal acquis".
Mi-janvier, la cour d'appel de Paris a rejeté les recours de trois des enfants Bongo, dont celui de Pascaline Bongo, contre leur mise en examen dans ce dossier.
En août et encore en décembre derniers, une dizaine de biens ont été saisis dans des quartiers huppés de Paris, en Provence ou sur la Côte d'Azur, pour une valeur totale estimée à environ huit millions d'euros.
Ces biens sont soupçonnés d'avoir été acquis grâce à l'argent de la "Françafrique", ce système de corruption, de cooptation politique et de chasses gardées commerciales entre Paris et ses anciennes colonies africaines, notamment illustré par l'"affaire Elf" en France.
Au total, environ 70 millions d'euros de "biens mal acquis" ont été saisis à ce jour dans cette affaire.
Le procès de Pascaline Bongo est prévu jusqu'à jeudi.
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