L'Indice Ibrahim 2024 dresse un bilan contrasté de la gouvernance en Afrique

Publié le 7 nov. 2024 à 09:54

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Crédit Photo: Autre presse

La Fondation Mo Ibrahim a publié son dernier rapport de l’Indice Ibrahim de la Gouvernance en Afrique (IIAG) 2024, une évaluation complète des performances de gouvernance des 54 pays africains entre 2014 et 2023. Ce rapport, fondé sur 322 variables de 49 sources indépendantes, analyse divers aspects de la gouvernance, notamment la sécurité, la participation démocratique, les opportunités économiques et le développement humain, pour dresser un bilan du continent.

Le constat général reste mitigé : bien que le développement humain et économique ait progressé, les avancées sont freinées par la détérioration de la sécurité et de la démocratie. Après quatre années de stagnation, la gouvernance globale a cessé de progresser dès 2022.

Plus inquiétant encore, dans 21 pays représentant près de la moitié de la population du continent, la qualité de gouvernance en 2023 est en recul par rapport à 2014.

Cette situation s’explique par l’augmentation des conflits, les coups d’État, et un rétrécissement de l’espace démocratique, menaçant les progrès réalisés en développement économique et social.

Pays en progrès et pays en difficulté

Malgré ce tableau général sombre, certains pays montrent des trajectoires positives. Treize pays, dont l’Égypte, Madagascar, le Maroc et la Côte d'Ivoire, parviennent à progresser de manière continue dans leur gouvernance, tandis que les Seychelles enregistrent la plus forte hausse sur la décennie, devançant Maurice pour devenir le pays le mieux gouverné d’Afrique en 2023.

La Côte d'Ivoire, le Togo et la Gambie figurent également parmi les dix pays ayant le plus progressé.

En revanche, la situation s’est aggravée dans des pays en crise comme le Soudan et le Mali, mais aussi dans certains des mieux classés comme Maurice et le Botswana, qui ont vu leur gouvernance se détériorer depuis 2019.

Cette tendance de dégradation touche surtout les pays confrontés à des défis sécuritaires, sociaux et politiques majeurs, soulignant la fragilité des acquis.

Développements dans les sous-catégories : progrès et défis

L’IIAG met en évidence des tendances contrastées entre les sous-catégories de gouvernance. Des progrès notables sont observés dans les domaines liés au développement économique et humain, notamment dans les infrastructures et la parité.

En matière de connectivité et d’accès à l’énergie, les infrastructures ont nettement progressé, améliorant l’accès au numérique et aux communications mobiles pour près de 95 % de la population africaine. De même, la parité a enregistré des avancées, avec une représentation accrue des femmes dans plusieurs pays.

Cependant, les indicateurs liés à la sécurité et à la démocratie affichent un déclin général. Les sous-catégories Sécurité et sûreté et Participation sont les plus touchées, affectant 77 % des habitants du continent.

Cette détérioration reflète un rétrécissement de l’espace démocratique et une instabilité croissante dans des régions confrontées à la menace terroriste et aux conflits internes.

Perceptions des citoyens : une insatisfaction croissante

Bien que les données objectives témoignent d’une certaine amélioration dans plusieurs domaines, la perception des citoyens montre une insatisfaction généralisée.

En dehors de l’indicateur sur le leadership féminin, tous les autres indicateurs de perception sont en baisse, en particulier la perception des opportunités économiques, qui accuse une chute de 12,4 points.

Cette divergence entre les progrès objectifs et la perception de la population révèle un décalage entre les aspirations des citoyens et les réformes politiques.

Un message d'espoir pour l'Afrique

Commentant ces résultats, Mo Ibrahim, président de la Fondation, a exprimé sa préoccupation face à l’escalade des conflits et la méfiance accrue envers les institutions, qui menacent les acquis en matière de développement.

Il a toutefois souligné la diversité des trajectoires et a encouragé à ne pas réduire le continent à une simple moyenne.

"Les progrès notables de pays comme le Maroc, la Côte d’Ivoire et les Seychelles montrent que l’amélioration reste possible", a déclaré M. Ibrahim.

Les données complètes de l’IIAG 2024 sont disponibles en accès libre, offrant aux chercheurs et décideurs un outil précieux pour comprendre et aborder les défis de gouvernance en Afrique.

En conclusion, bien que les progrès soient indéniables, de nombreux défis restent à relever pour garantir un avenir stable et prospère aux citoyens africains.

Lien vers l'indice Ibrahim 2024 : https://iiag.online/fr/