Centrafrique : Un député de l'opposition condamné à un an de prison pour "complot"

Publié le 27 déc. 2024 à 08:03

  • Centrafrique : Un député de l'opposition condamné à un an de prison pour "complot"

Le député centrafricain Dominique Yandocka a été condamné jeudi à un an de prison pour "complot" par la cour d'appel de Bangui malgré son immunité parlementaire, a constaté une journaliste de l'AFP.

Le président de la Cour Thierry Joachim Pessiré a déclaré "Yandocka Dominique Euphrem coupable du délit de complot" et l'a condamné "à un an d'emprisonnement ferme". Le député a échappé à une condamnation pour "atteinte à la sûreté de l'Etat", chef d'accusation pour lequel il encourait une peine maximale de travaux forcés à vie.

Le parlementaire, figure du parti d'opposition Initiative pour la transformation par l'action, qui dispose également de la nationalité française, a été placé en détention préventive pendant près d'un an après son arrestation à son domicile en décembre 2023, accusé de préparer un coup d'Etat.

"La défense est déçue parce que les faits reprochés à notre client ne sont pas constitués, il n'y a pas eu de complot" a réagi à l'issue du procès Me Albert Panda, l'un des avocats de M. Yandocka.

"Nous estimons que la décision va permettre sa libération puisqu'il a déjà fait un an en prison, mais nous entendons nous pourvoir en cassation pour que le droit soit dit" a confié Me Panda à l'AFP à l'issue du procès.

Le procureur général Jacques Ouakara a émis jeudi soir un ordre de remise en liberté immédiate, sans que l'on sache s'il a été exécuté.

Une autre figure de l'opposition en Centrafrique, Crépin Mboli Goumba, a été condamnée en mars à un an d'emprisonnement avec sursis pour diffamation et outrage à magistrats, dans un pays où toute voix dissonante est réprimée par le pouvoir du président Faustin Archange Touadéra.

Le régime de M. Touadéra "réprime la société civile, les médias et les partis politiques d'opposition", écrivait Human Rights Watch (HRW) en avril 2023, invoquant "de graves préoccupations sur des risques en termes de violations des droits humains et de réduction de l'espace démocratique et de la liberté d'expression".

M. Touadéra a fait modifier la Constitution en juillet 2023 par un référendum boycotté par l'opposition, pour s'autoriser à briguer un troisième mandat en 2025.

Elu en 2016, en pleine guerre civile, il avait été réélu en 2020 dans des conditions contestées par l'opposition et dans un pays dont une grande majorité du territoire était contrôlée par des rebelles, que son armée a ensuite repoussés grâce à l'aide de Moscou et l'intervention massive de mercenaires russes du groupe Wagner.