"Je suis consterné par les allégations crédibles selon lesquelles les forces armées maliennes accompagnées de personnel militaire étranger ont exécuté sommairement au moins 25 personnes dans le village de Welingara, dans la région centrale de Nara, le 26 janvier", a déclaré dans un communiqué le Haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Volker Türk.
"Je suis également alarmé par les informations selon lesquelles une trentaine de civils ont été tués lors d'attaques menées par des individus armés non encore identifiés dans deux autres villages - Ogota et Oimbe - dans la région de Bandiagara au cours du week-end dernier", a-t-il ajouté.
Le centre du Mali est l'un des foyers de la violence qui ensanglante le Sahel. Comme ailleurs dans le pays, la collecte et la vérification de l'information y est compliquée par la difficulté d'accès à des sites éloignés et à des sources indépendantes dans un contexte globalement dégradé.
Les attaques des groupes armés ont atteint une ampleur inédite dans cette région du Mali au dernier trimestre 2023, selon des sources humanitaires et sécuritaires.
Les forces armées maliennes et leurs alliés russes, dont les opérations se sont nettement intensifiées sur cette même période "ciblent délibérément des populations civiles, notamment les communautés peuls" dans le centre, a déclaré à l’AFP un responsable humanitaire sous couvert de l’anonymat.
- Allié russe -
La junte malienne a poussé au départ la force antijihadiste française en 2022, puis la mission de l'ONU fin 2023. Elle s'est tournée politiquement et militairement vers la Russie. Une multitude d'observateurs assurent qu'elle s'est adjoint les services de mercenaires russes, malgré ses démentis constants.
L'armée malienne et ses alliés sont régulièrement accusés d'exactions sur les populations civiles par l'ONU et des sources locales, ce qu'elle conteste systématiquement.
L'une des plus emblématiques est celle de Moura, où un rapport accablant de l'ONU a accusé l'armée malienne et des combattants "étrangers" d'avoir exécuté au moins 500 personnes dans cette localité du centre du pays en mars 2022.
L'ONU a rappelé jeudi dans son communiqué qu'"il est essentiel que toutes les allégations de privations arbitraires de la vie, y compris les exécutions sommaires, fassent l'objet d'une enquête complète et impartiale et que les responsables soient traduits en justice dans le cadre de procès conformes aux normes internationales".
Aucune des enquêtes lancées au Mali contre des exactions présumées des militaires n'a à ce jour abouti.
L'ONU a récemment corroboré deux autres massacres fin septembre à Ndoupa, dans la région de Ségou (centre) et début octobre dans le village d'Ersane, dans la région de Gao (nord), commis par des membres des forces armées maliennes et du personnel militaire étranger allié, au cours desquels au moins 31 civils sont morts.
"Nous n'avons pas connaissance d'enquêtes menées par les autorités sur ces meurtres présumés", conclut le communiqué.
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