Le président namibien Hage Geingob, militant anti-apartheid est décédé

Publié le 5 févr. 2024 à 07:03

  • Le président namibien Hage Geingob, militant anti-apartheid est décédé

Le président namibien Hage Geingob, figure de l'indépendance et ardent opposant au régime d'apartheid en Afrique du Sud, est mort dimanche à l'âge de 82 ans d'un cancer.

Président du pays depuis 2014, il est décédé à Windhoek, la capitale namibienne où il était hospitalisé depuis la découverte de cellules cancéreuses lors d'un bilan médical, a annoncé la présidence.

Il avait récemment soutenu la plainte de l'Afrique du Sud contre Israël devant la Cour internationale de justice et condamné la position de l'Allemagne, ancienne puissance coloniale de la Namibie, qui a rejeté les accusations de "génocide" de Pretoria à l'encontre d'Israël.

"C'est avec la plus grande tristesse et regret que je vous informe que notre bien-aimé Docteur Hage G. Geingob, le président de la République de Namibie, est décédé aujourd'hui", est-il écrit dans une déclaration publiée sur le réseau social X, signée par le nouveau chef de l'Etat par intérim, Nangolo Mbumba, jusqu'alors vice-président.

Elu une première fois en 2014, Hage Geingob avait été réélu en 2019 président de la Namibie, pays semi-désertique d'Afrique australe, l'un des derniers Etats du continent à avoir accédé à l'indépendance, en 1990.

En janvier, la présidence avait annoncé qu'un bilan médical de routine de Hage Geingob avait révélé la présence de "cellules cancéreuses".

Le président namibien avait déjà connu des problèmes de santé: en 2013, il avait été opéré du cerveau et l'an dernier de l'aorte.

- "Dirigeant visionnaire" -

De nombreuses voix ont salué sa mémoire.

Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a rendu hommage à un "éminent vétéran de la libération de la Namibie du colonialisme et de l'apartheid".

Son homologue kényan William Ruto a honoré un président qui "croyait en une Afrique unifiée", la présidente tanzanienne Samia Suluhu évoquant également "un vénérable panafricaniste".

Le président burundais Evariste Ndayishimiye tout comme l'Ethiopien Tedros Adhanom Ghebreyesus, ont regretté la mort d'un "dirigeant visionnaire", le patron de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) saluant l'investissement de M. Geingob en matière de santé publique.

Le président américain Joe Biden a salué "un leader intrépide, qui s'est battu pour l'indépendance, a supervisé la rédaction de la nouvelle Constitution de son pays et l'a servi deux fois en tant que Premier ministre et enfin en tant que président".

Le président russe Vladimir Poutine a évoqué un "homme formidable" dont il gardera "à jamais un souvenir lumineux" et qui a beaucoup contribué "au développement de relations amicales entre la Russie et la Namibie".

"L'Allemagne perd un partenaire qui s'est engagé dans le processus de résolution de l'histoire coloniale allemande avec une grande ouverture", a déclaré de son côté le chancelier Olaf Scholz.

En Namibie, l'Allemagne fut responsable entre 1904 et 1908 de massacres d'au moins 70.000 personnes appartenant aux peuples indigènes Herero et Nama, ce que de nombreux historiens considèrent comme le premier génocide du XXe siècle.

En mai 2021, après plus de cinq ans d'âpres négociations, l'Allemagne a annoncé qu'elle reconnaissait avoir commis un "génocide" en Namibie qu'elle a colonisé entre 1884 et 1915 et a promis une aide au développement de 1,1 milliard d'euros sur trente ans devant profiter aux descendants des deux tribus.

- Militant pour l'indépendance -

Né dans le nord de la Namibie en 1941, Hage Gottfried Geingob se lance dans le militantisme dès son plus jeune âge, réclamant la fin du régime d'apartheid de l'Afrique du Sud qui gouverne alors le territoire namibien, avant de s'exiler pendant près de trois décennies.

Aux Etats-Unis, il promeut ardemment l'indépendance de la Namibie et représente à l'ONU et dans les Amériques le mouvement de libération locale, le SWAPO - l'actuel parti au pouvoir.

En 1989, il revient en Namibie, un an avant l'accession de son pays à l'indépendance et sa première nomination en tant que Premier ministre.

Il reste en poste pendant 12 ans, un record de longévité en Namibie, avant de le devenir à nouveau en 2012.

Elu ensuite président en 2014 à la faveur d'un raz-de-marée électoral (87%), il voit son premier mandat entaché par une récession, un taux de chômage élevé et des accusations d'agissements malhonnêtes.

En 2019, des documents rendus publics par WikiLeaks laissent notamment entendre que des responsables gouvernementaux ont reçu des pots-de-vin d'une entreprise islandaise qui souhaitait s'assurer l'accès aux ressources halieutiques de la Namibie.

Malgré la controverse, M. Geingob remporte un deuxième mandat en 2019, recueillant toutefois moins de voix qu'auparavant (56%).