L'anniversaire de cette tristement célèbre attaque du groupe jihadiste Boko Haram intervient seulement quelques semaines après deux enlèvements de grande ampleur, l’un dans l’Etat de Borno où se situe également la ville de Chibok et l’autre dans l'Etat de Kaduna dans le nord-ouest du Nigeria, au cours desquelles des centaines de femmes et d’enfants ont été enlevées.
La prise d’otages est ainsi devenue la stratégie privilégiée des bandits et des jihadistes à l'échelle nationale.
- Quel est le contexte ? -
Au début des années 2000, les ravisseurs ciblaient les employés du secteur pétrolier dans le delta du Niger dans le sud du Nigeria, mais le problème s'est étendu à tout le pays après une insurrection jihadiste en 2009 dans le nord-est.
L'enlèvement de 276 écolières dans la ville de Chibok le 14 avril 2014 a fait la une des journaux du monde entier. Près de 100 d'entre elles sont toujours portées disparues.
Les jihadistes de Boko Haram et le groupe rival Etat islamique en Afrique de l'Ouest (ISWAP, de son acronyme anglais) procèdent encore régulièrement à des enlèvements.
Avec la montée en puissance de bandes criminelles lourdement armées, connues localement sous le nom de bandits, le nord-ouest est devenu la région la plus touchée par les enlèvements.
Les bandits et les jihadistes ont visé des écoles et des collèges dans le passé, mais ces attaques ont récemment connu une accalmie, avant l'enlèvement de 137 enfants dans l'État de Kaduna le 7 mars, libérés plusieurs jours plus tard.
Les bandits qui se livrent à des kidnappings contre rançons ciblent tout le monde, des écoliers aux familles des monarques traditionnels.
Plusieurs experts estiment que la crise économique dans ce pays est à l'origine de l’augmentation du nombre des enlèvements.
"Tout cela, c'est à cause du manque d'argent et de la pauvreté", a déclaré à l’AFP Emeka Okoro, un expert auprès du cabinet nigérian de conseil en risques SBM Intelligence.
"Les enlèvements sont lucratifs : d'énormes sommes d'argent ont été versées dans le passé pour sauver des écoliers", a-t-il ajouté.
- Quelle est l'ampleur du phénomène ? -
Les chiffres sur les enlèvements sont peu fiables en l'absence de signalement de tous les cas.
En janvier, la SBM a déclaré en avoir enregistré 4.777 depuis l’arrivée au pouvoir du président Bola Ahmed Tinubu en mai 2023.
Plus de 1.680 élèves ont été enlevés dans des écoles nigérianes entre début 2014 et fin 2022, selon l'organisation non gouvernementale Save the Children.
- Qu'ont fait les autorités ? -
En 2022, une loi a été adoptée interdisant de verser de l’argent aux ravisseurs.
Toutefois, de nombreuses familles indiquent ne pas faire confiance aux autorités et estiment ne pas avoir d'autre choix que de donner les rançons réclamées.
Les autorités nient payer pour obtenir la libération des victimes, et expliquent utiliser des méthodes comme le suivi des cartes Sim des téléphones portables pour aider à traquer les ravisseurs.
Les forces de l’ordre ont déployé des unités de lutte contre les enlèvements, mais les forêts où se cachent les gangs et les jihadistes sont difficiles d'accès.
Dans le nord-ouest, les autorités ont tenté de négocier avec les bandits, de conclure des accords d'amnistie et de déployer des groupes d'autodéfense, mais en vain .
Selon les critiques du président Bola Ahmed Tinubu, la crise des enlèvements est hors de contrôle.
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