L'ANC en danger
Le Congrès national africain (ANC) règne de façon indiscutée sur le pays de quelque 62 millions d'habitants depuis la fin de l'apartheid et l'avènement de la démocratie en 1994.
Selon les sondages, le parti historique pourrait pour la première fois en mai perdre sa majorité absolue au Parlement.
L'ANC est confronté à un mécontentement grandissant nourri par un chômage endémique plombant l'économie de la première puissance industrielle du continent, des inégalités croissantes et la faillite des services de base comme l'accès à l'eau et l'électricité.
Les scandales successifs et les affaires de corruption impliquant de hauts responsables du parti ont aussi entaché sa réputation et alimenté une désillusion qui se traduit par une forte abstention.
Lors des élections de 2019, la participation était à peine supérieure à 66%. L'ANC avait remporté 57% des suffrages.
Qui est élu ?
Les Sud-Africains élisent les 400 membres de l'Assemblée nationale, qui se réunit ensuite pour élire le prochain président. En pratique, le parti obtenant plus de 50% des sièges choisit le chef de l'Etat dans ses rangs.
En passant sous la barre symbolique des 50%, l'ANC serait contraint à former des alliances. Selon les experts, le parti devrait toutefois réunir suffisamment de suffrages pour conserver une majorité relative lui permettant de continuer à diriger le pays au sein d'un gouvernement de coalition. Et à ce stade, aucune figure de l'ANC n'est venue contester la place de l'actuel président Cyril Ramaphosa, 71 ans.
Zuma, le perturbateur
Une des inconnues est la part de soutien que l'ex-président Jacob Zuma, 82 ans, parviendra à ravir à l'ANC.
Ancien pilier du parti, il a rompu quelques mois avant le scrutin avec le mouvement historique, s'affichant en tête de liste d'un petit parti récemment créé et baptisé uMkhonto we Sizwe (MK, "Lance de la nation" en zoulou).
L'ancien président dont l'éligibilité est contestée, notamment parce qu'il a été condamné en 2021 à quinze mois de prison pour outrage à la justice, a toujours bénéficié d'un fervent soutien populaire et conservé de l'influence dans la sphère politique.
Selon les spécialistes, le MK viendrait ronger la base de vote de l'ANC, ralliant de nombreux électeurs déçus par le parti au pouvoir.
Un sondage Ipsos publié la semaine dernière donne 8,4% d'intentions de vote au MK, qui tire son nom de l'ancien bras armé de l'ANC pendant la lutte contre l'apartheid.
L'opposition vise la lune
Le principal parti d'opposition, l'Alliance démocratique (DA), traditionnellement perçu comme un parti blanc, est à la tête d'une coalition baptisée "Moonshot" ("lancement vers la lune") qui rassemble une dizaine de petits partis.
Promettant de créer des emplois, mettre fin à la crise énergétique et réduire la criminalité dans un pays qui détient des records en la matière, l'opposition promet d'"évincer" l'ANC. L'enquête d'Ipsos lui donne 21,9% des suffrages en mai.
Sans donner de réponse tranchée, le chef de la DA, John Steenhuisen, ne ferme pas complètement la porte à une coalition avec l'ANC.
Les résultats du scrutin doivent être annoncés dans un délai de trois jours après le vote.
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