Ces représentants de 104 partis politiques, de la société civile, des syndicats, des religions, des minorités, etc. ont planché un mois durant à Libreville dans un Dialogue National Inclusif (DNI), avant une cérémonie de clôture au cours de laquelle ils ont délivré mardi leurs conclusions au général, proclamé par l'armée chef de l'Etat le 30 août 2023, après avoir déposé le président Ali Bongo Ondimba.
Les militaires accusaient son régime et, surtout, son entourage familial d'avoir falsifié les résultats de la présidentielle, d'une gouvernance calamiteuse et de corruption massive.
Le DNI préconise de "suspendre tous les partis politiques légalement reconnus en attendant la mise en place des nouvelles règles régissant" leur création et leur vie, a lu Murielle Minkoué Mintsa, ministre de la Réforme des institutions, devant le général Oligui et des centaines d'invités, au palais présidentiel de Libreville.
Avec un régime particulièrement dur pour le Parti Démocratique Gabonais (PDG) de M. Bongo et les mouvements "alliés", qui devraient être "suspendus pour trois ans avec effet immédiat". Et des "enquêtes diligentées" contre ses dirigeants et cadres "anciens et actuels". Ces derniers seraient également "frappés d'inéligibilité" pour les prochaines élections, présidentielle, législatives et locales.
Pourtant, le général avait nommé de très nombreux membres et responsables de ce parti au DNI et est régulièrement accusé par ses détracteurs d'avoir maintenu au sommet de l'Etat et de l'administration des responsables et des cadres du PDG.
Chaque annonce était saluée par vivats et des "Oligui président !". La proposition de pouvoir étendre d'un an "si nécessaire" la période de la transition militaire avant des élections, a aussi été vivement applaudie.
L'élection présidentielle, pour laquelle un général Oligui très populaire fait peu de mystère de sa candidature, est prévue en août 2025, à la fin d'une transition de deux ans promise par les militaires.
-Régime présidentiel-
Le DNI a aussi recommandé un "régime présidentiel de séparation rigide des pouvoirs" exécutif et législatif et de rendre "intangibles et inviolables" certaines dispositions de la future Constitution - notamment la limitation du mandat présidentiel à deux fois sept ans - pour éviter les manipulations à la convenance des dirigeants dans un pays où la loi fondamentale a été modifiée neuf fois en 32 ans.
Acclamé par l'immense majorité des Gabonais et des partis politiques, le général Oligui a ainsi mis fin, sans qu'aucune goutte de sang ne soit versé, à 55 ans de "dynastie Bongo" dans l'un des pays les plus riches d'Afrique par habitant grâce à son pétrole, mais où un tiers de la population vit sous le seuil de pauvreté en raison principalement d'une captation massive d'argent public par le clan familial sous les régimes d'Omar Bongo Ondimba (1967-2009) et de son fils Ali (2009-2023).
Tirées en partie des contributions de plus de 38.000 citoyens selon les autorités, les préconisations du DNI, dont les 680 membres ont été nommés par le général Oligui, et lui étaient très majoritairement favorables selon l'opposition, ne sont pas contraignantes cependant.
Les propositions dans le domaine politique, si elles sont retenues par le pouvoir militaire, devront servir de base à la rédaction d'une nouvelle Constitution par un Parlement entièrement nommé par le général après le putsch et transformé en assemblée constituante en juin. La nouvelle loi fondamentale devra ensuite être soumise à référendum fin 2024.
Les propositions du DNI relevant d'autres domaines, si elles sont retenues, serviront à élaborer des lois et décrets.
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