Les dépouillements ont débuté en fin de journée dans les bureaux de vote et la Commission électorale a annoncé en soirée que "les tendances des résultats provisoires seront annoncées au cours de la nuit électorale".
Les résultats devront ensuite être validés par la Cour constitutionnelle. Selon le code électoral, les résultats doivent être annoncés dans les six jours suivant le vote.
A Lomé, la capitale, les électeurs ont été peu nombreux, selon des journalistes de l'AFP sur place et le vote s'est déroulé sans incident.
L'actuel président, Faure Gnassingbé, est arrivé à la tête de l'Etat en 2005 à la suite de son père, Eyadéma Gnassingbé, qui a dirigé le pays d'une main de fer pendant près de 38 ans.
"En me réjouissant du déroulement paisible du scrutin sur l’ensemble du territoire national, j’exhorte tous nos concitoyens à accomplir leur devoir civique dans la sérénité pour la consolidation de nos acquis démocratiques", a déclaré sur X le chef de l'Etat après avoir voté dans son fief familial de Pya, dans le nord du pays.
Amnesty International a toutefois dénoncé lundi dans un communiqué "des élections sur fond de musellement des voix dissidentes".
"Je suis là pour accomplir mon devoir civique et suis sûr que mon parti politique va gagner ces élections", a déclaré à l'AFP Robert Aloudji, mécanicien, juste avant l'ouverture de son bureau de vote à Lomé.
- Climat tendu-
Ce double scrutin législatif et régional intervient dans un climat politique très tendu après l'adoption le 19 avril d'une nouvelle Constitution qui fait basculer le pays d'un régime présidentiel à un régime parlementaire.
Désormais, le pouvoir réside entre les mains d'un Président du Conseil des ministres lequel sera le chef du parti majoritaire à l'Assemblée.
Faure Gnassingbé étant l'actuel président du parti majoritaire, Unir, il pourrait assumer ce nouveau poste immédiatement et demeurer aux manettes du pays, sans limitation de mandats, ce que l'opposition dénonce comme "un coup d'Etat institutionnel".
"Je suis serein, parce que nous avons fait l'essentiel, nous avons dénoncé les tares du système et comme les Togolais sont à l'écoute, ils feront le travail", a déclaré à l'AFP Jean-Pierre Fabre, leader du parti d'opposition ANC et candidat à un poste de député à Lomé.
"Je ne suis pas inquiète, j'ai confiance en mes concitoyens, ils ont compris l'importance de ces scrutins", a affirmé Brigitte Adjamagbo-Johnson, coordinatrice de la Dynamique pour la majorité du peuple (DMP, regroupement de partis politiques de l’opposition et d’organisations de la société civile).
Les Togolais, dont près de 60% ont moins de 25 ans, vivent toujours dans une situation de grand dénuement matériel, notamment dans les zones rurales, même si le taux de pauvreté a diminué de 60% en 2006 à 40% en 2023, selon la Banque mondiale.
L'économie togolaise reste stable avec une croissance annuelle autour de 5%, principalement tournée vers les services, notamment avec le port autonome de Lomé, et l'agro-industrie.
Depuis quelques années, comme ses voisins, le pays fait face à la menace jihadiste avec des attaques régulières dans le nord du pays.
Au total, 113 députés à l'Assemblée nationale doivent être élus, mais aussi pour la première fois, 179 conseillers régionaux qui - avec les conseillers municipaux - désigneront le Sénat nouvellement créé.
Pour Unir, la réforme constitutionnelle rend les instances du pouvoir plus représentatives du Togo.
M. Gnassingbé, 57 ans, a déjà remporté quatre élections, toutes contestées par l'opposition. En vertu de la constitution précédente, il n'aurait plus pu se présenter qu'une fois à la présidence, en 2025.
- Serrer la vis -
Suite au tollé provoqué dans l'opposition par cette nouvelle Constitution, les autorités ont serré la vis à l'approche du scrutin.
Toutes les tentatives pour manifester contre la réforme constitutionnelle ont été interdites. Et la Commission électorale a refusé à la Conférence des évêques du Togo l'autorisation de déployer des observateurs électoraux, selon un document consulté par l'AFP.
La Haute autorité de l'audiovisuel et de la communication a également suspendu temporairement les accréditations pour la presse étrangère voulant couvrir les élections.
Dimanche, les ministres de la Justice et de la Sécurité ont mis en garde "les auteurs de publications de faux résultats ou d'informations incorrectes, de diffamation ou de calomnies" qui "répondront de leurs actes devant les juridictions compétentes".
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