"Jusqu'à présent, 32 personnes ont perdu la vie. Quarante-deux (blessés) ont été ramenés de Gwoza", a déclaré le vice-président Kashim Shettima lors d'une visite à hôpital de Maiduguri, la capitale de l'État de Borno, où une partie des blessés est soignée.
Vingt-six personnes sont encore hospitalisées, a précisé le vice-président nigérian.
Un précédent bilan fourni par les services de secours locaux faisait état de 18 morts.
Gwoza, peuplée de près de 400.000 habitants, a été le théâtre samedi de quatre attentats-suicides presque simultanés, dont au moins trois perpétrés par des femmes kamikazes.
Cette ville avait été occupée et déclarée califat par Boko Haram en 2014 avant d'être reprise par l'armée nigériane avec l'aide des forces tchadiennes en 2015. Mais le groupe jihadiste continue de lancer des attaques depuis les montagnes surplombant la ville, à la frontière avec le Cameroun.
Ces attaques, pour l'instant non revendiquées, rappellent douloureusement au pays que la menace de Boko Haram plane toujours, notamment dans le nord-est, épicentre de la violence.
Les attentats-suicides ont toujours été un mode opératoire prisé par les combattants jihadistes dans leur lutte armée pour établir un califat dans le nord-est du pays, mais ils s'étaient fait rares ces derniers temps, les combattants leur préférant d'autres types d'action (kidnappings, tueries, pillages...).
Cette vague d'attentats-suicides a pris par surprise habitants et autorités, les dernières attaques de ce type remontant à plusieurs années.
"Personne n'a rien vu venir", a déclaré à l'AFP l'analyste Emeka Okoro, de la société SBM Intelligence.
- "Vigilance"-
"C'est une sonnette d'alarme à nous tous dans l'Etat de Borno, nous ne devons pas relâcher nos efforts sur la sécurité", a affirmé dimanche Mohammed Ali Ndume, sénateur de l'Etat de Borno en visite à l'hôpital de Maiduguri.
"Nous pensions que les attentats-suicides appartenaient au passé, mais j'appelle tous les citoyens à la vigilance", a-t-il insisté.
"Nous devons renforcer les mesures de sécurité, notamment pendant les rassemblements, tout le monde doit s'assurer que tout a été inspecté avant de se réunir", a abondé Umar Usman Kadafur, gouverneur-adjoint de l'Etat de Borno.
Le président nigérian, Bola Ahmed Tinubu, a "fermement condamné les attentats-suicides" dans un communiqué dimanche, y voyant "une claire manifestation de la pression contre les terroristes et des succès enregistrés à affaiblir leurs capacités d'attaques".
"Ces lâches attaques ne sont qu'un épisode isolé", ajoute le chef de l'Etat, qui assure qu'il "ne permettra pas à la nation d'entrer dans une ère de peur, de larmes, de chagrin et de sang".
Arrivé au pouvoir il y a un an, M. Tinubu avait fait de la lutte contre l'insécurité une priorité de son mandat mais les résultats se font attendre.
Selon l'analyste Emeka Okoro, il existe "une très grande probabilité que d'autres attaques similaires se produisent dans les jours ou les semaines à venir".
"Ces attaques étaient très bien coordonnées" ce qui montre que Boko Haram est "toujours très actif", a-t-il expliqué.
Les violences jihadistes, qui durent depuis 15 ans, ont fait plus de 40.000 morts et en ont déplacé environ deux millions dans le nord-est du pays.
L'insécurité demeure très forte même si Boko Haram a perdu du terrain ces dernières années, notamment du fait de sa concurrence avec l'Etat islamique en Afrique de l'ouest (ISWAP) né d'une scission d'avec Boko Haram.
Les combattants jihadistes continuent d'attaquer régulièrement les communautés rurales du Nigeria, tuant les hommes et enlevant les femmes qui s'aventurent hors de la ville à la recherche de bois de chauffage.
Tous les commentaires 0
CONNECTEZ-VOUS POUR COMMENTER
VIDEOS