Ce glissement de terrain est le plus meurtrier connu en Ethiopie, deuxième pays le plus peuplé d'Afrique dont plus des trois-quarts des 120 millions d'habitants vivent en zone rurale.
Trois jours après la catastrophe, les habitants continuaient de chercher des victimes, creusant l'épaisse couche de glaise à mains nues ou à l'aide de pelles.
Le bilan "a atteint les 257 morts au 24 juillet" et "devrait augmenter jusqu'à hauteur des 500 morts, selon les informations communiquées par les autorités locales", écrit le Bureau des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha) dans son dernier rapport de situation publié jeudi.
Plus de 15.500 personnes vivant dans des zones alentour "présentant un risque élevé de nouveaux glissements de terrain" étaient en attente d'évacuation par les autorités, poursuit l'Ocha.
Parmi elles figurent "au moins 1.320 enfants de moins de cinq ans et 5.293 femmes enceintes et allaitantes".
De l'aide a commencé à arriver dans cette zone reculée du sud éthiopien, située à près de 500 kilomètres et plus de dix heures de route de la capitale Addis Abeba.
- Pelles et sarcloirs -
La catastrophe est survenue dans le kebele (plus petite division administrative) de Kencho Shacha Gozdi, zone rurale et vallonnée, située dans l'Etat régional d'Ethiopie du Sud.
De fortes précipitations y sont longuement tombées dimanche soir. Un pan de colline s'est effondré lundi matin touchant plusieurs habitations avant qu'un autre glissement de terrain n'engloutissent les nombreux habitants accourus pour porter secours.
"Nous avons entendu dire qu'un glissement de terrain avait détruit deux maisons, alors nous avons accouru vers la vallée pour aider, et mon fils m'a suivi. Quand nous sommes arrivés là-bas, le glissement de terrain avait détruit deux autres maisons. Puis une énorme coulée de boue a submergé tout le monde, y compris mon fils", raconte à l'AFP un habitant, Getachew Geza.
Le nombre total de personnes disparues reste inconnu.
Armés de maigres outils agricoles - pelles et sarcloirs - des habitants s'affairaient pour tenter de retrouver leurs proches ensevelis, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Solomon Tsoma a récupéré 12 corps, "sept des enfants de mon oncle, ainsi que les enfants de mon frère", détaille-t-il. "Mais n'avons pas pu retrouver le corps de ma sœur".
Dans un entretien mercredi avec la BBC, le patron de l'Ocha en Ethiopie, Paul Handley, a expliqué que l'acheminement de "matériel lourd d'excavation dans la zone" touchée, "isolée et montagneuse", était "un défi, particulièrement en raison de l'état des routes".
- Guterres "profondément attristé" -
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, s'est dit "profondément attristé" par ce drame, assurant que "les agences de l'ONU envoient de la nourriture, du matériel de santé et d'autres fournitures essentielles pour aider les personnes touchées", dans un message sur X.
La Croix-Rouge a commencé à distribuer mardi des produits de première nécessité et gouvernement fédéral, agences onusiennes et ONG internationales déploient actuellement des équipes dans la zone touchée.
Environ 18% de la population d'Ethiopie (21,4 millions de personnes) dépend déjà en temps normal de l'aide humanitaire et 4,5 millions de personnes sont actuellement déplacées par des conflits ou des catastrophes climatiques, selon l'ONU.
Selon les riverains, les habitants choisissent souvent de vivre dans les vallées car il y fait moins froid.
"Ce n'est pas la première catastrophe de ce type. L'an dernier, plus de 20 personnes ont été tuées. A chaque saison des pluies, des gens meurent à cause des glissements de terrain et des fortes pluies dans cette zone", expliquait mardi un habitant d'un woreda (district) voisin des lieux de la catastrophe.
La "longue" saison des pluies a commencé en juin dans une grande partie des régions d'Ethiopie. Elle doit durer jusqu'en septembre.
L'Etat d'Ethiopie du Sud fait partie des nombreuses zones qui ont été touchées par des inondations en avril et mai en Ethiopie, pendant la "petite" saison des pluies.
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