Kenya : un tragique incendie dans une école réveille les angoisses des parents

Publié le 26 sept. 2024 à 10:28

  • Kenya : un tragique incendie dans une école réveille les angoisses des parents

Le tragique incendie dans une école qui a tué 21 garçons de 9 à 13 ans le 6 septembre a réveillé les craintes de nombreux parents au Kenya, d'autant que des drames similaires se sont multipliés dans le pays ces dernières années.

Une cérémonie religieuse est prévue jeudi pour rendre hommage aux écoliers de l'académie Hillside Endarasha, surpris en pleine nuit par les flammes qui ont ravagé leur dortoir. Après plusieurs semaines de tests ADN pour identifier les corps carbonisés, ils seront ensuite enterrés par leurs familles.

L'incendie, dont l'origine n'a pas encore été identifiée, n'était pas le premier de l'année. Plus d'une douzaine ont été rapportés dans des écoles kényanes en 2024.

Ce bilan reste loin d'années comme 2018, où 63 cas d'incendies criminels dans des écoles avaient été enregistrés, ou encore 2016, qui avait vu une vague sans précédent de 117 incendies volontaires frapper des établissements d'enseignement secondaire en à peine trois mois.

La plupart de ces feux touchent des pensionnats, publics comme privés, très nombreux dans ce pays d'Afrique de l'Est, héritage des missionnaires et de la colonisation britannique.

Beaucoup de parents, comme Silvana Wachira, les considèrent prestigieux et pratiques.

Cette réceptionniste de 47 ans a placé ses trois enfants dans un pensionnat près de Nairobi pour leur épargner les trajets dans l'infernale circulation de la capitale. "Mais cela ne vaut pas la peine de perdre la vie de mes bébés", lâche-t-elle, racontant comment les témoignages sur la tragédie d'Hillside Endashara lui ont "brisé le coeur".

Phineas Ojwang' a, lui, décidé de retirer sa fille de 11 ans du pensionnat où il l'a placée, à 400 kilomètres de chez lui, dans l'ouest du Kenya. "Je ne dors pas tranquille. J'ai mis le numéro de la responsable de l'internat en numérotation rapide pour pouvoir prendre des nouvelles de ma fille", explique-t-il.

- "Incendies contagieux" -

Le service d'enquête criminelle (DCI), qui a achevé ses investigations sur place le 16 septembre, n'a pas encore rendu public son rapport sur le sinistre d'Hillside Endashara.

La compagnie nationale d'électricité a d'ores et déjà exclu tout problème électrique.

Si des incendies sont parfois dus à la vétusté des établissements, dans de nombreux cas les élèves eux-mêmes en étaient à l'origine.

En 2022, une adolescente de 14 ans a été condamnée à cinq ans de prison pour homicide involontaire après avoir été reconnue coupable d'un incendie qui avait tué dix enfants dans son école en 2017.

Lors de la vague de 2016, environ 150 élèves avaient été poursuivis pour incendie volontaire, ainsi que dix enseignants.

Un rapport de 2017 du Centre national de recherche sur la criminalité au Kenya évoquait le stress des périodes d'examens et le calendrier scolaire comme possibles causes, renforcées par une émulation entre élèves de différentes écoles communiquant via des téléphones utilisés clandestinement.

"Les incendies sont contagieux", confirme Pius Masai Mwachi, ancien directeur par intérim de l'Unité nationale de gestion des catastrophes du Kenya.

Selon lui, les élèves échangent souvent sur leurs frustrations, menant parfois de "jeunes criminels" à provoquer l'incendie, même si "le personnel scolaire et des personnes étrangères aux établissements" en sont également parfois responsables.

- Promesses -

Comme souvent, le gouvernement a promis un audit de sécurité dans toutes les écoles et de poursuivre les responsables.

Mais ces audits ne sont souvent pas menés, faute de volonté des établissements ou de coordination entre les différents services, souligne Pius Masai Mwachi.

"Les établissements doivent organiser périodiquement des formations et des exercices d'urgence", ajoute-t-il.

Certains appellent à l'interdiction des internats, notamment dans le primaire, en évoquant le sentiment d'abandon comme possible cause du problème.

Phineas Ojwang', lui, ne prendra plus aucun risque avec sa fille: "Je compte les jours jusqu'à la fin du trimestre. Ce sera son dernier jour en internat".