Au Niger, la junte prévoit de rester au moins cinq ans au pouvoir

Publié le 21 févr. 2025 à 07:23

  • Au Niger, la junte prévoit de rester au moins cinq ans au pouvoir

Crédit Photo : Autre Presse

La junte au pouvoir depuis juillet 2023 au Niger prévoit de rester au moins cinq ans de plus à la tête de ce pays sahélien confronté à des violences de groupes jihadistes, selon les recommandations d'assises nationales qui devraient être entérinées prochainement.

Au terme de cinq jours de travaux, les 716 participants civils et militaires ont proposé jeudi "une durée de cinq ans renouvelables" pour conduire la transition en cours et la "possibilité" pour les dirigeants du régime militaire de se présenter aux prochaines élections.

"La refondation (terme utilisé désormais en lieu et place de transition) se fera sur une durée de 60 mois, c’est-à-dire cinq ans à compter de la date de l’adoption de la Charte", a précisé Me Bibata Niandou, une participante, lors d'une cérémonie retransmise en direct sur la télévision d'Etat.

L'évènement a eu lieu en présence du chef du régime militaire du Niger, le général Abdourahamane Tiani, qui devra valider cette proposition.

Un mois après sa prise de pouvoir à la suite du coup d’Etat du 26 juillet 2023, le général Abdourahamane Tiani avait annoncé une durée maximale de trois ans de transition, mais n'en avait ensuite plus reparlé.

La Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao), avait rejeté cette durée et le Niger a finalement quitté l'organisation cette année, comme ses alliés le Burkina Faso et le Mali eux aussi gouvernés par des juntes.

"Il s’agit d’un procédé inédit, porteur d’un espoir raisonnable pour un nouveau départ que s’offre notre pays", a déclaré lors de la cérémonie le général Tiani. "Vous avez joué votre partition, je jouerai la mienne sans faiblesse", a-t-il promis sous un tonnerre d’applaudissements.

- Possibilité de se présenter -

Les assises ont formulé "des résolutions" précisant que la durée de la transition peut "évoluer en fonction" notamment de "la situation sécuritaire" et "l’agenda de la Confédération des États du Sahel", dans laquelle sont réunis le Niger, le Mali et le Burkina Faso.

Dans ces deux derniers pays, les juntes arrivées au pouvoir - au Mali en 2020, au Burkina en 2022 - ont également prévu de rester en place pour une durée pouvant atteindre cinq ans.

Mamoudou Harouna Djingarey, qui a présidé les assises nigériennes, a mentionné "la possibilité" pour les "dirigeants des organes" de la transition "de se présenter aux futures élections".

Les conclusions des travaux proposent par ailleurs de conférer le "titre de président de la république" au général de brigade Tiani et de "l’élever au grade de général d’armée" en raison de son "leadership" dans la conquête de "la souveraineté" du Niger, ancienne colonie française.

Les trois pays de l'AES ont tous tourné le dos à la France et martèlent que leur priorité est le retour de la souveraineté. Il se sont notamment rapprochés de la Russie.

Certains médias étrangers n'ont pas été accrédités pour couvrir les assises, à Niamey.

Au Niger, a également été proposée "une amnistie pour les auteurs du coup d’Etat de 2023 "qui a chassé le président civil élu Mohamed Bazoum, toujours retenu prisonnier.

Une nouvelle Constitution sera élaborée pour remplacer celle dissoute après le putsch et sera "adaptée aux valeurs socio-culturelles" du Niger.

Elle reconnaîtra l’islam comme "religion majoritaire" tout en "considérant la liberté de croyances d'autres religions" dont le christianisme, minoritaire.

Les participants ont suggéré la dissolution de tous les partis politiques existant (plus de 170), dont les activités sont suspendues et l’élaboration d’une nouvelle charte des partis.

Au plan judiciaire, les assises ont préconisé "la suppression des immunités parlementaires" et "les privilèges de juridictions" dont jouissent notamment les ministres.

Début 2024, des concertations se sont tenues dans les huit régions du pays pour préparer ces assises et le régime militaire avait annoncé un retour à l'ordre constitutionnel "dans les meilleurs délais".