Dans un communiqué commun, les organes nationaux de gestion des filières cacao des deux pays, ainsi que l'Initiative cacao Côte d'Ivoire-Ghana (CIGCI), créée pour garantir un revenu minimum aux planteurs, ont "noté les efforts consentis par certaines entreprises et leur volonté de trouver de concert des solutions pour une production durable du cacao qui place les producteurs au cœur de cette stratégie".
Ils "encouragent l’ensemble des industriels à passer à l'acte et à montrer qu'ils croient sincèrement en une production du cacao durable".
Depuis plusieurs semaines, la Côte d'Ivoire et le Ghana reprochaient aux chocolatiers de ne pas payer le différentiel de revenu décent (DRD), une prime de 400 dollars (390 euros) par tonne, instaurée en 2019 pour assurer un revenu décent aux cultivateurs.
Ils avaient donné aux industriels jusqu'au 20 novembre pour respecter leurs engagements, menaçant "d'interdire l'accès aux plantations pour effectuer des prévisions des récoltes" et de "suspendre les programmes de durabilité".
Ces programmes visant notamment à lutter contre la déforestation et le travail des enfants permettent aux industriels de faire valoir que leur chocolat est issu d'une production durable, critère souvent privilégié par le consommateur.
Mais lundi, les pays producteurs ont annoncé poursuivre les discussions et la constitution d'"un groupe de travail d'experts" qui devra fournir des "recommandations d'ici la fin du premier trimestre de l'année 2023 pour trouver des solutions durables".
Interrogé sur le sujet à l'occasion d'une conférence de presse, le Premier ministre ivoirien Patrick Achi a espéré qu'un "compromis intelligent" sera trouvé.
"La solution, c'est de transformer 100% de notre cacao" en Côte d'Ivoire, a-t-il poursuivi. A l'heure actuelle, environ un quart du cacao ivoirien est transformé sur place.
Le cacao de Côte d'Ivoire, qui représente 45% de la production mondiale, compte pour 14% du PIB national et nourrit 24% de la population de ce pays d'environ 27 millions d'habitants.
La Côte d'Ivoire est aussi considérée comme une importante destination régionale du trafic d'enfants en provenance des pays frontaliers, utilisés comme main-d'oeuvre dans ses cultures.
De nombreuses familles agricoles font toujours face à une pauvreté persistante avec moins d’un dollar par jour, une situation qui est l'un des facteurs contribuant au travail des enfants dans les plantations de cacao.
Mais, selon Matthias Lange, le directeur exécutif de l'Initiative internationale pour le cacao (ICI), une fondation suisse créée par l'industrie du chocolat pour lutter contre le travail des enfants, "beaucoup de progrès ont été réalisés".
M. Lange a notamment vanté la mise en place du Système de suivi et remédiation du travail des enfants (SSRTE), "un mécanisme qui a réduit de 35% en trois ans le travail des enfants et permis de faire sortir plusieurs dizaine de milliers d'enfants des plantations", selon lui.
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