Dans une déclaration relative au déroulement de la campagne de commercialisation de cacao 2022-2023 qui a démarré le 1er octobre 2022, elle fait noter que le prix de 900 FCFA le kilogramme « est loin de couvrir le coût de vie des producteurs dans un contexte national marqué par la cherté de la vie à tous les niveaux », loin du « revenu vital ».
« La production de cacao étant l’activité et la source de revenu principale des ménages agricoles, il est aisé de comprendre et d’affirmer que le niveau de pauvreté illustré par les conditions de vie précaire des producteurs de cacao est lié directement aux prix bas qu’ils reçoivent. Cette situation dévalorisante, maintient les producteurs dans un cercle vicieux de revenus trop bas, entrainant un très faible investissement dans les plantations, lesquelles, de ce fait, ont des rendements faibles, qui stagnent, induisant des baisses de production, et une plus grande déforestation pour étendre les superficies exploitées en vue d’augmenter les volumes produits en espérant améliorer le revenu », fait remarquer la plateforme.
Les solutions qu’elle propose concernant le refoulement des chargements au port passent par une révision du système de dotation des sacs en tenant compte des capacités des coopératives, une fluidité des procédures de déchargement pour éviter la longue file d’attente des camions à l’entrée des usines, un renforcement des capacités des qualiticiens des coopératives pour les premières analyses du cacao.
A propos du non-respect du prix bord champ, la PICD préconise le contrôle sur le respect du prix d’achat du cacao bord champ en renforçant la présence des agents du Conseil du café-cacao sur le terrain, la sanction des acheteurs véreux, l’amélioration de la marge de la commercialisation intérieure au regard des coûts d’approvisionnement.
A moyen et long termes, la Plateforme appelle le gouvernement à mettre en place un cadre d’échange avec toutes les parties prenantes, et particulièrement la société civile afin de réfléchir sur des solutions durables, à actionner une brigade de surveillance et de contrôle au niveau des délégations régionales, à assainir le milieu des sociétés coopératives en révisant les textes de lois, à renforcer la sensibilisation des producteurs pour adhérer aux sociétés coopératives et aux principes coopératifs, à évaluer les expériences pilotes et mettre à l’échelle un système digitalisé de paiement des producteurs afin de sécuriser la circulation des fonds.
Elle suggère aussi de faciliter l’accès aux financements pour les sociétés coopératives, de finaliser la mise en place du système unique d’identification des producteurs et des exploitations pour une traçabilité totale ou encore de sensibiliser et former les sociétés coopératives à faire la qualité.
Mais surtout la PICD interpelle l’Etat pour qu’elle prenne des dispositions concrètes pour répondre durablement à la précarité et l’extrême pauvreté des producteurs de cacao.
Le prix bord champ du cacao a connu une hausse de 825 à 900 FCFA le kilogramme. « Cependant, même si nous félicitons le gouvernement pour cette évolution du prix bord champ par rapport à la précédente campagne, il est important de rappeler que ce prix fixé à 900 FCFA demeure encore insuffisant pour permettre aux producteurs d’atteindre le revenu vital », déplore la PICD.
Le coût de production du cacao est estimé à 677,211 FCFA le kg, ne laissant pour bénéfice que 222,79 FCFA quand il acheté à 900 FCFA.
Sur la base du prix actuel, le revenu d’un producteur disposant en moyenne de trois hectares pour un rendement moyen de 500 kg/ha est de 1 350 000 FCFA, soit 112 500 F.CFA/mois, un montant loin du revenu vital évalué à 262 000 F.CFA/mois par le CIRES.
Pour la Plateforme, cette situation est de nature à mettre en péril la durabilité de la filière cacao dans la mesure où les producteurs de cacao ne sont pas en mesure de vivre de leur travail.
En plus d’un revenu réel insuffisant, la campagne de commercialisation de cacao 2022-2023 rencontre des difficultés en raison de la faible rotation des livraisons.
En effet, le refoulement des chargements au port, relativement à la mauvaise qualité du produit, et les difficultés de déchargement dues aux questions de sourcing (traçabilité) et à la grève des dockers au niveau du port, ont entrainé un ralentissement de la commercialisation du cacao.
Cette situation de mévente du cacao s’est soldée par le retard de paiement des membres au niveau des sociétés coopératives.
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