A l’origine de cette crise, « la sécheresse et aujourd’hui les tensions géopolitiques qui influent sur le marché agricole qui constituent une réelle insécurité alimentaire ». De sorte que, si des mesures appropriées ne sont pas prises, « pour la première fois, 38,3 millions de personnes, y compris les personnes déplacées internes, pourraient être affectées par la crise alimentaire et nutritionnelle pendant la période de soudure; c’est à dire entre juin et août 2022 ». Dans la zone UEMOA, ce sont « 12,5 millions de personnes qui seront touchées par l’insécurité alimentaire, si rien n’est fait. Outre ces personnes en situation de crise alimentaire, 27,8 millions de personnes soit 23% de la population de l’Union, sont en phase de sous pression alimentaire ». Ce qui pourrait conduire à une « situation de crise alimentaire ». C’est ce qui ressort de la 11ème ‘‘Réunion du Comité de haut niveau sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle’’ des ministres en charge de l’Agriculture et de l’Elevage de l’UEMOA. Qui s’est tenue à Niamey, capitale du Niger, sur 3 jours, du 7 au 9 juin 2022. Et présidée par le ministre nigérien en charge de l’agriculture, Dr Alambedji Abba Issa qui avait à ses côtés, Abdoulaye Diop, président de la commission de l’UEMOA.
Cette rencontre a été l’occasion pour ces ministres de l’espace UEMOA, d’examiner plusieurs points, notamment « la situation agro pastorale, alimentaire et nutritionnelle de la région et définir les orientations adaptées de la prise en charge des populations vulnérables ; les dispositifs nationaux de réponse mis en place ou en préparation, notamment les Plans Nationaux de Réponses ; et enfin, les états de préparation de la campagne agricole 2022/2023 en particulier la sécurisation des approvisionnements de la région en engrais de façon durable ».
A l’issue des travaux, il ressort de « l’analyse de la situation agricole et alimentaire que la production céréalière de la campagne 2021/2022, évaluée à 27,26 millions de tonnes, est en régression par rapport à celle de la campagne 2020-2021, et la moyenne des cinq dernières années, respectivement de 13% et de 9%. Le plus important recul de la production céréalière étant observé au Niger avec -37%. Au niveau du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest, la production céréalière est évaluée à 73,02 millions de tonnes, un niveau également en légère régression de 2% par rapport à celui de la campagne passée ». C’est donc pour faire face à l’urgence de la situation que « des Plans Nationaux de Réponses ont été élaborés par les Etats de l’Union les plus touchés (Burkina Faso, Niger et Sénégal), pour un budget global évalué à 549 milliards FCFA. Avec un taux de mobilisation financière de l’ordre de 56% à cette date ».
Le directeur de cabinet au ministère ivoirien des Ressources animales et halieutiques, M.Emmanuel Assoumany Gouromenan, qui représentait le ministre Sidi Touré, a fait remarquer que « les pays côtiers comme la Côte d’Ivoire subissent les affres du changement climatique, et connaissent aussi la baisse des productions tant agricoles que animales et halieutiques due à plusieurs causes humaines et naturelle ». Pour lui, « les enjeux sont importants et les pays doivent mutualiser leurs politiques face aux différentes crises que connait l’Afrique ». Il a ajouté que la « Côte d’Ivoire a toujours apporté son soutien à ses voisins que sont le Burkina Faso et le Mali. Mais, face aux crises que vivent ces pays, le Mali a décidé de fermer sa frontière d’avec la Côte d’Ivoire, coupant ainsi ses approvisionnements en bétail ». C’est pourquoi « le secteur animal et halieutique (…) a mis en place une nouvelle politique qui vise à développer et accroitre les productions locales afin de ne plus dépendre totalement de l’extérieur », a-t-il relevé.
Notons que les experts ont fait des recommandations aux Etats membres de l’UEMOA, des Organes et Institutions de l’Union (Commission de l’UEMOA, BOAD, BCEAO) ; aux institutions de la sous-région ouest africaine, et aux partenaires techniques et financiers. Il s’agit de « la mobilisation des financements pour la mise en œuvre et le suivi évaluation des interventions d’urgence (PNR, plans de contingence et autres) en faveur des populations vulnérables durement affectées par les crises alimentaires et nutritionnelles multifactorielles ; et de la mise en œuvre de mesures pour sécuriser l’approvisionnement de l’engrais pour les cultures vivrières pour la campagne agricole 2023-2024 ».
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