Djaka Festival 2024 pose le débat sur le besoin "d’investir dans l’agriculture pour atteindre l’autosuffisance alimentaire"

Publié le 17 août 2024 à 10:01

  • Djaka Festival 2024 pose le débat sur le besoin "d’investir dans l’agriculture pour atteindre l’autosuffisance alimentaire"

Crédit Photo : SERCOM Djaka Festival

Le Djaka Festival 2024 qui se tient du mardi 13 au dimanche 18 août à Divo (Lôh-Djiboua), a consacré la journée du jeudi 15 août, à "l’Agriculture et les chaînes de valeurs agricoles". A cet effet, un panel, organisé dans la nouvelle salle du Conseil Régional, a posé le débat de la nécessité avérée "d’investir dans l’agriculture pour atteindre l’autosuffisance alimentaire".

Cette rencontre a réuni des experts, producteurs et industriels, ainsi que des leaders communautaires pour sonder les défis actuels du secteur agricole et les opportunités pour garantir l’autosuffisance alimentaire dans la région du Lôh-Djiboua.

Nominée "Prix Gnigou Serges Jules du meilleur inventeur, concepteur de projet" au Djaka 2024, Cécile Kouassi Ahouman a intervenu au sujet de l’autosuffisance alimentaire. Rappelant, à juste titre que, l’autosuffisance alimentaire est la capacité d’un pays à répondre aux besoins alimentaires de sa population, à partir de sa propre production.

"Bien que l’État ait déjà fait beaucoup pour soutenir les producteurs, il est clair que cela reste insuffisant. Nous devons redoubler d’efforts pour accompagner davantage nos agriculteurs", a-t-elle souligné.

Pionnière dans la transformation et la valorisation des produits agricoles du terroir, Cecile Kouassi a milité pour une meilleure implication des collectivités territoriales dans le soutien aux initiatives agricoles locales.

 Elle s’est inspirée d’une étude réalisée en 2009, qui révèle que les producteurs sont encore insuffisamment encadrés, appelant ainsi à une action concertée pour combler cette lacune.

Quant à Benjamin Boa, Spécialiste en autonomisation des femmes, il a exhorté les femmes de la région à persévérer malgré les défis économiques et sociaux.

"Vous devez être autonomes et vous prendre en charge. La constitution en coopérative est une voie efficace pour accéder aux ressources et aux financements. Levez-vous et saisissez les opportunités", leur a-t-il conseillé.

Il a également proposé l’option de culture hors-sol comme une alternative au manque de parcelles arables en milieu urbain et semi-urbain.

Patricia Ehouman Méva, Ingénieure Mécanique de formation, Gérante de Aliki Services, s’est pour sa part, prononcée sur la thématique suivante : "la production agricole, la distribution et les défis de la transformation dans cette chaîne de valeurs".

Elle a indiqué que l’état des lieux de la transformation des produits agricoles en Côte d’Ivoire révèle qu’à côté des multinationales qui interviennent le plus, dans la grande transformation (cacao, café, palmier à huile, hévéa), on a quand même quelques personnes qui se distinguent dans l’agro transformation à plus petite échelle.

 Et ce, notamment pour des produits vivriers parce que les produits de rente, comme le cacao, nécessitent de gros moyens.

 En termes de plateau technique, elle a confié que la technicité qu’on va retrouver dans le Lôh-Djiboua, va concerner surtout la transformation de l’huile de palme, la transformation du cacao, vu qu’on a la chance d’avoir des ressortissants du Lôh-Djiboua qui se sont investis pour la transformation du cacao.

"Nous avons des femmes qui vont faire la transformation des noix de palme pour produire de l’huile de palme, mais avec des moyens plus rustiques. Pour tout ce qui est de la petite transformation, on a un savoir-faire avéré puisque c’est souvent un savoir-faire quasi ancestral, mais on a des moyens qui sont encore traditionnels, donc artisanaux, et on gagnerait à améliorer nos procédés", a-t-elle suggéré.

 Alassane Diakité, jeune Agriculteur-Industriel, a eu l’opportunité de partager son expérience liée à la thématique suivante : "jeunesse et industrie en Côte d’Ivoire, cas du Lôh-Djiboua".

 Dans sa démarche argumentative, il s’est inspiré de son parcours professionnel.

En tant qu’industriel, il a révélé qu’il a dû endurer certaines épreuves et difficultés.

Ce pourquoi, il a exhorté jeunes à s’armer de patience et d’abnégation nécessaires pour passer de l’agriculture traditionnelle à l’industrialisation.

 Selon l’agro-preneur (entrepreneur agricole), ce que les jeunes doivent retenir, c’est qu’on ne peut pas vivre seulement que de l’agriculture. Les produits de l’agriculture, généralement, sont des produits périssables.  Avec l’industrie, si on arrive à ajouter un plus, une plus-value à ces différents produits-là, on arrive à les conserver pour les vendre.

 "Ces produits ne pourront pas se gâter. Bien vrai que c’est difficile, mais c’est important aussi d’apprendre. Je pense qu’il n’y a rien de sorcier. Nous, on a appris, et on continue toujours d’apprendre. Que les jeunes apprennent à faire de même", a-t-il affirmé.

 De simple agriculteur à industriel, pour lui qui aime se faire appeler "agripreneur", le secret réside dans l’amour de l’agriculture adossé à l’entrepreneuriat.

Au terme de ce panel, les perspectives et recommandations ont porté sur une collaboration renforcée entre tous les acteurs de la chaîne de valeurs agricoles.

Et surtout, le besoin d’améliorer les infrastructures, notamment les routes et les installations de stockage, pour réduire les pertes post-récolte. Cela va permettre de renforcer la compétitivité des produits locaux sur le marché national et international.