Un sommet de la CEDEAO se tient à Abidjan pour renforcer la lutte contre la pêche illicite

Publié le 19 mars 2025 à 09:30

  • Un sommet de la CEDEAO se tient à Abidjan pour renforcer la lutte contre la pêche illicite

Abidjan accueille du 18 au 21 mars 2025 un sommet de la CEDEAO consacré à la lutte contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INN). Organisée par le département des affaires politiques, paix et sécurité de l’organisation, cette rencontre réunit des experts, des représentants ministériels et des partenaires internationaux. L’objectif est d’élaborer un cadre régional de coopération pour renforcer les actions contre ce phénomène.

« La pêche INN détruit nos économies, notre environnement et l’espoir de notre jeunesse », a déclaré le Ministre ivoirien des ressources animales et halieutiques, Sidi Tiémoko Touré, à cette occasion. Il a mis l’accent sur la nécessité d’une mobilisation commune face aux impacts de la pêche INN sur les économies locales et les ressources halieutiques.

Il a également insisté sur l’importance d’harmoniser les cadres juridiques et de renforcer la coopération transfrontalière pour améliorer l’efficacité des actions engagées, appelant à une action concertée.

De plus, l’amélioration des moyens de surveillance, notamment par l’usage de drones et de satellites, figure parmi les options envisagées. L’uniformisation des sanctions au sein des États membres est aussi à l’étude. Certains participants proposent la mise en place de patrouilles maritimes communes, en s’inspirant d’initiatives déjà expérimentées. « Ce fléau est qualifié de terrorisme silencieux », a souligné le colonel José Nicole Hacket, directeur de l’administration maritime ivoirienne.

La Côte d’Ivoire, engagée dans cette lutte, a mis en place un cadre réglementaire spécifique et renforcé la formation de ses agents pour surveiller les eaux territoriales. Des simulations en mer ont été réalisées pour tester les capacités de contrôle. Toutefois, des responsables estiment que ces efforts restent limités sans une collaboration régionale structurée. « Mais sans coopération transfrontalière, ces efforts resteront vains », a prévenu un délégué sierra-léonais.

Les conséquences vont au-delà de l’économie. Une grande partie des protéines animales consommées dans la région provient du poisson. La diminution des stocks accentue la vulnérabilité alimentaire. Le secteur de la pêche emploie un nombre important d’actifs, et la réduction des ressources conduit certains jeunes à rechercher d’autres alternatives, parfois en dehors de leurs pays. En effet, « Chaque tonne volée est un repas en moins pour les populations », a rappelé un expert lors des débats.

Selon un rapport publié en 2024 par Africa Defense Forum, la pêche INN représenterait une perte annuelle estimée entre 2,3 et 9,4 milliards de dollars pour l’Afrique de l’Ouest. Elle affecte directement les revenus des États et fragilise les pêcheurs artisanaux, exposés à une concurrence accrue. Une part importante des captures illégales est attribuée à des navires étrangers utilisant des techniques non réglementées.

À l’issue de cette rencontre, les délégations espèrent aboutir à une feuille de route commune avant la fin de l’année 2025 pour renforcer la lutte contre la pêche INN à l’échelle régionale.