Quand il voit apparaître Aladdin ou Pinocchio à la parade organisée cette semaine à Disneyland Paris pour marquer le centenaire du groupe aux grandes oreilles, Stuart Amery, un Anglais de 35 ans, affiche un large sourire.
Venu tous les mois depuis six ans dans ce parc d'attractions, il ne "pouvai(t) pas manquer" cet événement. "Je ne serai pas là pour le prochain centenaire, alors je devais absolument être là pour celui-ci", souligne-t-il, au milieu d'un public majoritairement composé d'adultes.
Non loin, Barbara Corbisier s'enthousiasme elle au passage des personnages de Mushu et de Mulan, qu'elle s'est fait tatouer.
"Ce n'est pas une honte d'être fan à 21 ans, c'est une passion comme une autre", affirme-t-elle.
Films, séries, parcs d'attractions, projets musicaux, objets de collection... "Il y a toujours quelque chose pour capter les adultes" dans l'univers de Disney, analyse Laurent Armand-Zuniga, 52 ans, directeur du site "Chronique Disney" qui revendique quelque 200.000 visiteurs par mois, principalement parmi les 25-45 ans.
En ligne, les forums, sites spécialisés, chaînes YouTube et comptes sur les réseaux sociaux d'adultes amoureux de Disney pullulent également.
"Les adultes ne sont de toute façon que des enfants ayant grandi", déroule M. Armand-Zuniga, reprenant une citation de Walt Disney, fondateur de l'entreprise.
La firme américaine a fait de ce public un de ses moteurs, alimenté par sa stratégie développée à grands coups de rachats pour mettre successivement la main sur le studio Pixar ("Toy Story", "Cars"...) en 2006, les super-héros de Marvel en 2009, puis l'univers de "Star Wars" en 2012.
Grâce à ces acquisitions, Disney est parvenu à diversifier son catalogue de films pour se propulser au statut de "vraie major, pas simplement la major des petits", fait valoir auprès de l'AFP abonde Alexandre Bohas, professeur d'affaires internationales à l'école de commerce ESSCA.
La "spécificité" de Disney est sa portée "transgénérationnelle", souligne pour sa part Hélène Etzi, présidente de Walt Disney Company France, évoquant ces familles où le lien se transmet des parents aux enfants.
- "Rester critique" -
Margot Naepels, 26 ans, consacre près de 10 heures par semaine au groupe, en tant que rédactrice bénévole sur "Disneyphile", une communauté en ligne qui rassemble près de 200.000 personnes.
Une activité qui ne l'empêche toutefois pas de "rester critique" sur le géant de l'industrie culturelle.
"Etre fan de la magie qu'a créé Walt Disney ne veut pas dire qu'on est forcément fan de tout ce que fait l'entreprise", fait-elle valoir.
Sa "vision d'adulte" lui permet notamment de s'interroger sur "l'entreprise et ses politiques", déroule-t-elle, citant par exemple la grève historique des acteurs et des scénaristes à Hollywood ou le fort impact écologique de la firme.
Elle se dit toutefois satisfaite des efforts de "représentation et de diversité" dans les contenus, à l'image du choix récent d'une actrice noire pour incarner la Petite sirène, source de critiques ayant dénoncé des positions progressistes.
Cultivant la passion de ses parents, Marie Huberty, 31 ans, a elle choisi de célébrer le centenaire de la société par une visite de Disneyland Park en Californie. Elle a également créé son propre "job Disney" d'organisation de voyages dans les parcs d'attractions du monde entier.
Une manière, souligne-t-elle, de transmettre à son tour "l'héritage de [s]on héros" et de diffuser l'idée que "Disney est pour tout le monde".
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