Cet entretien met en lumière les efforts déployés par le gouvernement ivoirien pour lutter contre le terrorisme, gérer les tensions frontalières et préparer les prochaines échéances électorales.
Lutte contre le terrorisme : une vigilance constante
"La Côte d'Ivoire n'a pas subi d'attaques terroristes majeures depuis 2022", un exploit que Téné Birahima Ouattara attribue à une vigilance accrue et à un renforcement des dispositifs sécuritaires. Malgré cette accalmie relative, la menace demeure omniprésente, surtout dans le nord du pays, voisin du Burkina Faso et du Mali, deux pays en proie au terrorisme.
Le ministre explique que le dispositif militaire a été renforcé de manière significative dans ces zones frontalières sensibles. En outre, un programme socio-économique a été mis en place pour améliorer les conditions de vie des populations locales, une stratégie visant à réduire l'attrait des groupes terroristes. "Nous faisons tout pour éviter la répétition des événements tragiques comme ceux de Kafolo ou de Grand-Bassam," déclare-t-il.
Gestion des frontières : un défi complexe
Les frontières entre la Côte d'Ivoire et ses voisins du nord sont particulièrement poreuses, rendant la lutte contre les infiltrations terroristes encore plus difficile. Un traité d'amitié et de coopération avec le Burkina Faso, signé en 2016, inclut la création d'une commission bipartite pour gérer ces questions frontalières délicates. "Nous collaborons étroitement avec le Burkina Faso pour sécuriser nos frontières communes," affirme Téné Birahima Ouattara.
Cependant, des incidents comme l'arrestation de deux gendarmes ivoiriens en territoire burkinabè en septembre 2023 montrent que des défis persistent. Les négociations pour leur libération sont en cours, illustrant la complexité des relations transfrontalières. La Côte d'Ivoire détient également des prisonniers burkinabè, ce qui ajoute une dimension diplomatique à ces questions sécuritaires.
Sécurisation des événements et coopération internationale
La réussite de la Coupe d'Afrique des Nations, organisée sans incident majeur, est un témoignage de l'efficacité des mesures de sécurité mises en place. Téné Birahima Ouattara exprime sa gratitude envers les partenaires internationaux, notamment la France, le Maroc et les États-Unis, pour leur soutien dans la sécurisation de cet événement. Ces pays fournissent une aide précieuse en matière de formation, de renseignement et d'équipement militaire.
Le récent Conseil des ministres a adopté une politique nationale de gestion intégrée des frontières, un plan ambitieux sur dix ans visant à renforcer la sécurité dans les zones frontalières. Ce programme prévoit également le développement d'infrastructures locales pour diminuer l'influence des groupes terroristes. "Le président Alassane Ouattara a décidé de réaliser des investissements massifs dans ces zones sensibles pour améliorer les conditions de vie et offrir des opportunités économiques aux jeunes," précise le ministre.
Relations avec les pays voisins : coopérations et tensions
Les relations avec le Burkina Faso sont marquées par des accusations récentes de déstabilisation de la part du président burkinabè Ibrahim Traoré. Téné Birahima Ouattara rejette catégoriquement ces allégations, affirmant que la Côte d'Ivoire n'a jamais cherché à nuire à ses voisins. Les tensions sont exacerbées par des incursions transfrontalières et des différends sur la démarcation des frontières.
En ce qui concerne le Mali, les relations se sont améliorées depuis la crise de 2022, lorsque 49 soldats ivoiriens ont été arrêtés à Bamako. Les discussions avec le gouvernement malien se poursuivent pour renforcer la coopération et résoudre les tensions existantes.
La création de la Confédération de l’Alliance des États du Sahel, regroupant le Niger, le Burkina Faso et le Mali, pose également des questions. Téné Birahima Ouattara plaide pour le retour de ces pays au sein de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), soulignant l'importance de l'unité régionale pour faire face aux défis sécuritaires.
Lutte contre l’orpaillage clandestin et les trafics
La lutte contre l’orpaillage clandestin dans le nord du pays, qui finance souvent les groupes terroristes, est une priorité pour le gouvernement ivoirien. En 2021, un Groupement spécial de lutte contre l’orpaillage illégal (GSLOI) a été créé pour combattre ce phénomène. "C’est un travail très difficile et de longue haleine," admet Téné Birahima Ouattara. En plus de l’orpaillage, le vol de bétail constitue une autre source de financement pour les terroristes. Les autorités ivoiriennes exercent une surveillance accrue aux points de passage connus pour limiter ce trafic.
Préparatifs pour l'élection présidentielle de 2025
À l'approche de l'élection présidentielle de 2025, Téné Birahima Ouattara se montre optimiste quant à la stabilité sécuritaire du pays. Il assure que tous les candidats potentiels pourront se présenter et que le processus électoral se déroulera sans incidents majeurs. Interrogé sur une éventuelle candidature, il a dit réitérer son soutien au Président Alassane Ouattara.
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