Les résultats du dernier recensement général de la population et de l’habitat (RGPH 2021) en Côte d'Ivoire ont révélé une population de 29 389 150 habitants, dont 22 840 169 sont Ivoiriens (78%) et 6 435 835 de nationalité non ivoirienne (22%). Ces chiffres, bien que marqués par une crise migratoire qui a vu de nombreux migrants retourner dans leur pays d'origine, montrent que la Côte d’Ivoire reste une terre d'accueil et d'immigration.
La population ivoirienne est majoritairement jeune, avec plus de 70% des personnes âgées de moins de 35 ans, mais cette jeunesse est confrontée à un taux de chômage élevé, en particulier chez les plus de 25 ans.
Cette situation économique difficile a poussé de nombreux jeunes Ivoiriens à emprunter les voies de la migration irrégulière, souvent à travers des réseaux de passeurs, pour tenter de trouver un avenir meilleur en Europe. Le phénomène de la migration irrégulière est devenu une question cruciale tant pour les pays africains que pour l'Union Européenne. En réponse à cette situation, un plan d'action a été adopté lors du sommet de La Valette, avec le soutien d'un fonds fiduciaire de plusieurs milliards de Francs CFA. Ce plan vise à s'attaquer aux causes profondes de la migration irrégulière et des déplacements forcés, à renforcer la lutte contre la migration irrégulière, et à améliorer la coopération en matière de retour, de réadmission et de réintégration.
Sur le plan régional, la position commune de la Communauté Économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) a permis aux pays membres de parler d'une même voix sur cette question. En Côte d'Ivoire, face à cette urgence humanitaire, un dispositif de prévention a été mis en place impliquant plusieurs ministères, dont le Ministère d'État, Ministère des Affaires Étrangères, de l'Intégration Africaine et de la Diaspora, et le Ministère de l'Intérieur et de la Sécurité. Depuis 2017, des campagnes de sensibilisation ont été organisées par la Direction en charge de la Diaspora, permettant le retour de plus de 12 500 Ivoiriens dans leur pays.
Cependant, la persistance du phénomène depuis la dernière campagne de sensibilisation en 2018 a conduit la Direction Générale des Ivoiriens de l’Extérieur (DGIE), à travers la Direction de l’Accueil, de l’Orientation et du Suivi des Actions de Réinsertion (DAOSAR), à envisager une nouvelle campagne de sensibilisation contre la migration irrégulière. Cette campagne aura pour objectif de sensibiliser les jeunes aux risques liés à la migration irrégulière, en associant les migrants et les personnes victimes de la traite pour une prise de conscience collective. De plus, la promotion des activités de réintégration des migrants ivoiriens de retour en Côte d'Ivoire sera un axe majeur de cette campagne.
La campagne se déroulera sur trois ans à travers l'ensemble du territoire ivoirien, avec trois missions prévues par an. Pour l'année 2024, trois villes ont été retenues pour la première édition. Chaque mission se déroulera sur quatre jours. Le premier jour sera consacré au voyage aller et à la prise de contact avec les autorités locales. Le deuxième jour sera marqué par une cérémonie d'information et de présentation du dispositif de lutte contre la migration irrégulière. Le troisième jour sera consacré aux activités de sensibilisation, incluant des passages à la radio, des campagnes de proximité, la présentation de films institutionnels sur la migration irrégulière et des témoignages d'ex-migrants. Enfin, le quatrième jour sera réservé au retour.
À la fin de la campagne de sensibilisation, un dîner gala sera organisé pour faire le bilan de la campagne et présenter le programme de réinsertion des migrants. Cette initiative vise à informer les autorités politiques, les autorités administratives, les parents, les jeunes, et les leaders religieux et d'opinion sur les dangers de la migration irrégulière, tout en encourageant les jeunes à s'engager dans des voies d'immigration officielles et à profiter des programmes d'insertion mis en place par le gouvernement.
La réussite de cette campagne dépendra de la mobilisation des organisations de la société civile, des familles de migrants et de potentiels migrants, des leaders religieux et d'opinion, ainsi que des autorités administratives et politiques. En sensibilisant les jeunes aux risques de la migration irrégulière et en promouvant les initiatives locales de lutte contre ce phénomène, la Côte d'Ivoire espère réduire le nombre de jeunes tentés par l'immigration clandestine et favoriser leur réintégration socio-économique au sein du pays.
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