Un autre meurtre de la FESCI après celui de Agui Mars Aubin Déagoué, alias "Général Sorcier"

Publié le 7 oct. 2024 à 20:48

  • Un autre meurtre de la FESCI après celui de Agui Mars Aubin Déagoué, alias "Général Sorcier"

Kambou Sié, secrétaire général de la FESCI et plusieurs membres sous mandat de dépôt

Le meurtre de Agui Mars Aubin Déagoué, alias "Général Sorcier", dans la nuit du 29 au 30 septembre 2024, a mis en lumière des événements tragiques liés à la violence au sein de la Fédération Estudiantine et Scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI).

Ce meurtre n’est pas un fait isolé, mais semble s’inscrire dans une série de violences internes au sein de cette organisation, comme l’ont révélé les enquêtes et témoignages.

Le Procureur de la République, Koné Braman Oumar, a publié ce lundi 7 octobre 2024, un communiqué détaillant les faits, les responsables impliqués, ainsi que l'évolution de l'enquête.

Contexte et rappel des faits

Tout a commencé par une plainte déposée avant le meurtre Agui Mars Aubin Déagoué. Ibrahim Diomandé, frère de Khalifa Diomandé, étudiant en Master 2 de criminologie à l’Université Félix Houphouët-Boigny et membre de la FESCI, avait porté plainte pour enlèvement et bastonnade ayant conduit à la mort de son frère.

Khalifa Diomandé, étudiant en Master 2 de criminologie à l’Université Félix Houphouët-Boigny et membre de la FESCI, mort en août dernier
Khalifa Diomandé, étudiant en Master 2 de criminologie à l’Université Félix Houphouët-Boigny et membre de la FESCI, mort en août dernier

Selon le Procureur, Khalifa avait été enlevé par OGOU Franck Eric, membre influent de la FESCI et conduit à l’École Normale Supérieure (ENS), au sein de l’Université Félix Houphouet Boigny d’Abidjan, où il a été violemment battu. A l’origine de cette bastonnade qui a conduira plus tard à sa mort, une affaire de bourse universitaire que celui-ci était accusé d’avoir mal gérée, suite à des manœuvres d’Assy Benié et de OGOU Franck Eric.

Interventions policières et arrestations

Lors de l’enquête sur le meurtre du "Général Sorcier", Kambou Sié, secrétaire général de la FESCI, s’est présenté à la police criminelle, accompagné de plusieurs autres membres, dont GNONSORO Aubin Cédric, YAPO Aléchi Yves, et ASSALE Bonaventure. Tous étaient armés de gourdins et de machettes, révélant une fois de plus la violence interne au sein de l’organisation. Tous ont été arrêtés et conduits devant le procureur de la République pour des faits graves d’association de malfaiteurs, d’assassinat, et de complicité d’assassinat.

L’enquête a également révélé que ces violences étaient orchestrées par des leaders de la FESCI, notamment Irie Bi Djo, un dissident de l’organisation, que Kambou Sié désigne comme étant celui qui a porté le coup mortel à Khalifa Diomandé lors de la bastonnade.

Agui Mars Aubin Déagoué, alias "Général Sorcier" tué dans la nuit du 29 au 30 septembre 2024
Agui Mars Aubin Déagoué, alias "Général Sorcier" tué dans la nuit du 29 au 30 septembre 2024

Implication des leaders de la FESCI

Le procureur Koné Braman Oumar a précisé que plusieurs membres influents de la FESCI sont activement recherchés pour leur implication dans ces violences, dont KONIN Ané Cyriaque et SAWADOGO Aroune dit "Soundjata", tous membres de la direction de l’organisation. Selon GNONSORO Aubin Cédric, rien ne peut se passer au sein de la FESCI sans que Kambou Sié, le secrétaire général, n’en soit informé. Cette déclaration renforce les soupçons sur la FESCI et son Secrétaire général.  

Perspectives judiciaires

Le procureur a tenu à rassurer la population sur le fait que la lumière sera faite sur cette affaire. "Nous appliquerons la rigueur de la loi pénale à tous les auteurs et complices de ces actes graves", a-t-il déclaré.

L’objectif est non seulement de sanctionner les responsables de ces violences, mais aussi de mettre un terme à la spirale de la violence qui semble sévir au sein de cette organisation étudiante, autrefois perçue comme un creuset de revendications sociales et académiques légitimes.

Ainsi, ce meurtre relance le débat sur la violence au sein des associations étudiantes en Côte d’Ivoire, en particulier la FESCI, dont les pratiques semblent de plus en plus inquiétantes et éloignées des objectifs initiaux de défense des droits des étudiants.