Journée Africaine de la lutte contre la corruption : Progrès et défis en Côte d'Ivoire et au-delà

Publié le 12 juil. 2024 à 13:35

  • Journée Africaine de la lutte contre la corruption : Progrès et défis en Côte d'Ivoire et au-delà
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Epiphane Zoro Ballo

Hier 11 juillet marquait la Journée Africaine de la lutte contre la Corruption, une date significative instituée par l'Union Africaine en 2017 pour rappeler l'importance de la transparence et de l'intégrité dans la gouvernance en Afrique. La corruption reste un défi majeur, entravant le développement économique et social du continent.

A l'occasion, un focus sur l'état actuel de la corruption en Afrique, met en lumière les pays exemplaires et ceux en difficulté, mais aussi explore les mécanismes de lutte contre la corruption à l'échelle africaine et sous-régionale. Comme référence l'Indice 2023 de perception de la corruption de Transparency International.

La corruption en Afrique est omniprésente et prend de nombreuses formes, allant de la petite corruption quotidienne à la grande corruption impliquant des hauts fonctionnaires et des hommes d'affaires. Selon l'Indice de Perception de la Corruption (IPC) de Transparency International, la majorité des pays africains se situent en bas du classement mondial, indiquant des niveaux élevés de corruption perçue. Les effets négatifs de la corruption sont vastes, affectant l'efficacité des institutions publiques, réduisant la confiance des citoyens et freinant le développement économique.

Bons et mauvais exemples

Les Seychelles, classé 20e au niveau mondial avec un score de 71, sont le pays africain le mieux classé dans l'IPC 2023. Le pays a instauré des politiques efficaces et des institutions indépendantes comme l'Anti-Corruption Commission, qui jouent un rôle crucial dans la prévention et la répression des actes de corruption.

On note aussi le Botswana 39e avec un score de 59. Il est souvent cité comme un modèle de bonne gouvernance en Afrique. Le pays a mis en place des institutions solides, telles que la Directorate on Corruption and Economic Crime (DCEC), et des législations rigoureuses pour lutter contre la corruption. Autre bon élève, Capo Verde, 30e au niveau mondial avec un score de 64. Le pays a fait des progrès significatifs en renforçant ses institutions et en adoptant des lois anti-corruption. La stabilité politique et les efforts continus pour améliorer la transparence ont contribué à cette réussite.

Parmi les mauvais élèves, on note la Somalie, classée 180e au niveau mondial avec un score de 11. Ce pays situé à l'ouest de la corne de l’Afrique est souvent classé parmi les pays les plus corrompus du monde. La corruption endémique est exacerbée par des décennies de conflit et d'instabilité. Le Soudan du Sud, classé 177e au niveau mondial avec un score de 13, il fait face à une corruption généralisée. La guerre civile et l'instabilité politique ont créé un environnement propice à la corruption.

La Guinée-Bissau, elle, est classée 158e au niveau mondial avec un score de 22. Ce pays d’Afrique de l’ouest est également en proie à une corruption généralisée. L'instabilité politique et la faiblesse des institutions contribuent à la persistance de la corruption et le trafic de drogue. Quant à la Guinée Equatoriale, elle est 172e avec un score de 17.

Mécanismes de lutte contre la corruption au plan africain et sous-régional

Au niveau africain, il faut noter la Convention de l'Union Africaine sur la Prévention et la Lutte contre la Corruption adoptée en 2003 qui oblige les États membres à adopter des mesures pour prévenir et combattre la corruption. Elle couvre une gamme de pratiques anti-corruption, y compris la transparence dans les finances publiques, la déclaration de patrimoine des fonctionnaires et la coopération judiciaire entre les États membres.

On a aussi le Conseil Consultatif de l'UA sur la Corruption. Cet organe supervise la mise en œuvre de la convention et aide les pays à développer leurs capacités institutionnelles et législatives. Il offre également des conseils techniques et des recommandations pour renforcer les cadres nationaux de lutte contre la corruption.

Au plan sous-régional, il faut souligner le Protocole de la CEDEAO sur la lutte contre la corruption, adopté pour harmoniser les législations nationales des États membres avec les standards régionaux et internationaux. Il encourage la coopération et l'échange d'informations entre les agences anti-corruption des pays membres. A côté de ce dispositif, il existe le Réseau Anti-Corruption de la CEDEAO (RACCEDEAO). Ce réseau facilite la coordination et l'échange de bonnes pratiques entre les agences anti-corruption des États membres. Il joue un rôle crucial dans la formation et le renforcement des capacités des personnels engagés dans la lutte contre la corruption.

Mécanismes de lutte contre la corruption en Côte d'Ivoire

Le pays en Afrique de l'ouest totalise un score de 40 et est logé à la 87e place. Dans la volonté affichée des autorités ivoiriennes lutter contre la corruption, il a été mis en place une cadre institutionnel et législatif. Il existe aussi des initiatives et des programmes à cet effet. 

La Haute Autorité pour la Bonne Gouvernance (HABG) a été créée en 2013 pour prévenir et réprimer la corruption. La HABG enquête sur les allégations de corruption et promeut la transparence dans la gestion publique. Elle a pour mission d’élaborer des politiques de bonne gouvernance et de surveiller leur mise en œuvre.

Autre dispositif, la Loi sur la Prévention et la Répression de la Corruption qui renforce les sanctions contre les actes de corruption et établit des mécanismes de prévention. Elle oblige les fonctionnaires à déclarer leur patrimoine et instaure des procédures strictes pour la passation des marchés publics.

Il faut aussi ajouter la Stratégie Nationale de Lutte contre la Corruption (SNLC) adoptée récemment, visant à renforcer la prévention et la répression de la corruption à travers un cadre intégré et coordonné. Elle prévoit des mesures spécifiques pour améliorer la transparence, l'efficacité et l'intégrité des institutions publiques.

Le Programme National de Lutte contre la Corruption (PNLC) fait aussi partie de efforts de lutte. Il vient renforcer la coordination des efforts anti-corruption et à promouvoir une culture de l'intégrité. Il inclut des actions de sensibilisation, de formation et de renforcement des capacités des acteurs impliqués dans la lutte contre la corruption. Le gouvernement mène régulièrement des campagnes pour sensibiliser la population aux dangers de la corruption et encourager la dénonciation des actes de corruption. Ces campagnes utilisent divers médias pour atteindre un large public et promouvoir les valeurs de transparence et d’intégrité.

En résumé, la lutte contre la corruption en Afrique nécessite une approche intégrée, combinant des cadres législatifs rigoureux, des institutions fortes et une volonté politique déterminée. Alors que certains pays montrent la voie avec des réformes réussies, d'autres doivent encore intensifier leurs efforts. En Côte d'Ivoire, les progrès réalisés montrent un engagement prometteur, mais des défis subsistent. La Journée Africaine de la Lutte contre la Corruption est l'occasion de renouveler ces engagements et de renforcer la coopération régionale pour un avenir plus transparent et équitable.