L’économie africaine face au défi de la transformation structurelle de son secteur privé en 2025

Publié le 28 janv. 2025 à 11:02

  • L’économie africaine face au défi de la transformation structurelle de son secteur privé en 2025

L'économie de l’Afrique, bien que marquée par une croissance stable en moyenne, fait face à de nombreux défis. Le taux de croissance du PIB moyen en 2024 est estimé à 3,0 %, contre 3,3 % en 2023, selon l'Agence française de développement (AFD) et le Fonds monétaire international (FMI).

Cette croissance repose en partie sur une augmentation de la consommation privée et une baisse de l'inflation, mais elle est freinée par des problèmes structurels, des conflits régionaux persistants, et les effets croissants du changement climatique.

La diversité des trajectoires de croissance des pays africains reste marquée par une différence de structure économique. Les pays riches en ressources naturelles, plus exposés aux fluctuations des prix des matières premières, connaissent une croissance plus instable.

En revanche, les pays avec une économie plus diversifiée enregistrent une croissance plus solide. Les conflits armés, comme ceux au Soudan et au Soudan du Sud, ont des effets dramatiques sur la croissance, avec des taux de croissance négatifs en 2023 dans ces régions.

En dépit de ces difficultés, le FMI prévoit un rebond de la croissance pour 2025, avec un PIB réel en hausse de 4,2 %, grâce à une diminution des facteurs pesant sur la croissance mondiale. Cependant, de nombreux risques pèsent sur l’économie africaine : conflits régionaux, instabilité politique, et particulièrement les chocs climatiques répétés qui pourraient aggraver les tensions sociales.

Le changement climatique reste un facteur majeur d'instabilité économique en Afrique. En 2023, plusieurs catastrophes naturelles ont frappé le continent, telles que des cyclones au Malawi et au Mozambique, des sécheresses et des inondations en Afrique de l’Est et centrale.

Selon la Banque africaine de développement (BAD), entre 1986 et 2018, le changement climatique a réduit la croissance du PIB par habitant de 5 % à 15 % par an.

En parallèle, l'inflation reste un problème important, atteignant 24 % en 2024 selon le FMI. Les prix élevés des denrées alimentaires et les déséquilibres sur les marchés nationaux et mondiaux pèsent sur les économies africaines et limitent les marges de manœuvre des banques centrales.

À long terme, bien que le PIB moyen ait progressé de 3,3 % par an entre 1980 et 2020, le PIB par habitant n’a crû que de 0,9 %, illustrant une croissance insuffisante face à l'explosion démographique.

Selon la BAD, d'ici 2030, 9 personnes sur 10 vivant dans l’extrême pauvreté dans le monde seront africaines.

Les besoins de financement en Afrique sont colossaux, notamment pour faire face au changement climatique.

Selon la Climate Policy Initiative, l'Afrique devra mobiliser 2 800 milliards de dollars entre 2020 et 2030 pour atteindre les objectifs climatiques. Cependant, les investissements directs étrangers (IDE) ne représentent que 2 % des flux mondiaux et l'aide publique au développement (APD) est en déclin par rapport au PIB du continent.

Pour financer son développement, l'Afrique a recours à des financements bilatéraux, en particulier de la Chine, et aux marchés financiers. La dette publique a explosé, passant de 31 % du PIB en 2010 à 67 % en 2023, selon la BAD.

Ce niveau élevé de la dette, combiné à des conditions financières mondiales plus strictes, oblige les États africains à consacrer une part de plus en plus importante de leurs ressources au service de la dette, ce qui réduit leur capacité à financer des investissements pour la croissance.

En termes de développement du secteur privé, bien que ce dernier représente un potentiel de financement important, il reste sous-exploité. Selon le FMI, le secteur privé pourrait, d'ici à la fin de la décennie, apporter l'équivalent de 3 % du PIB de l’Afrique subsaharienne pour les infrastructures.

Cependant, l'informalité du marché (estimée à 36 % du PIB et 70 % de l’emploi en Afrique subsaharienne selon la Banque mondiale) et la corruption, qui coûte 148 milliards USD par an à l’Afrique selon la BAfD, limitent l'impact du secteur privé. Les investisseurs internationaux sont également freinés par les risques perçus dans les économies africaines.

Dans ce contexte, les institutions financières internationales, telles que la Banque mondiale et le FMI, jouent un rôle crucial dans la stimulation du financement privé pour le développement. La création de mécanismes comme la facilité de résilience et de durabilité (Resilience and Sustainability Facility) en 2022 est un exemple des efforts pour soutenir la transition climatique en Afrique.

En somme, malgré un potentiel de croissance considérable, l'Afrique doit surmonter de nombreux obstacles pour réaliser un développement durable et inclusif, notamment la gestion de la dette, le financement du changement climatique et le renforcement du secteur privé.