Conçu pour se protéger du soleil, du sable mais aussi du froid en hiver, le keffieh (coiffe traditionnelle arabe) varie selon les pays.
A moins de deux mois de la Coupe du monde, qui débutera le 20 novembre, la collection "Fan Shemagh" (le shemagh étant un type de keffieh) apparait dans les rayons de la Fnac au Qatar, ainsi que dans les musées de l'émirat.
L'aboutissement d'une aventure lancée il y a deux ans... devant un match de l'équipe de France.
"On était en train de regarder un match avec des amis et Tim, mon fils, est arrivé en sautant. Il avait trouvé un shemagh qui traînait à la maison, il l'avait mis sur la tête et il dansait devant la télé", se souvient Didier Grande, l'autre moitié du projet.
"On s'est dit: pourquoi ne pas lui donner vie pour l'équipe de France, entre autres ?", poursuit l'ancien joueur de tennis désormais pilote chez Qatar Airways.
Le keffieh "a une signification culturelle pour les personnes qui vivent ici", rappelle Didier Grande. Il inspire notamment La'eeb, la mascotte du Mondial-2022, et figure sur l'affiche officielle de la compétition.
- Plus qu'un drapeau -
La déclinaison de la collection "Fan Shemagh" aux couleurs d'une trentaine de pays fait écho au "melting-pot de la population" du Qatar, avec ses quelque 2,7 millions d'expatriés sur un peu moins de 3 millions d'habitants, explique Didier Grande.
"On voulait quelque chose pour soutenir les équipes et, en même temps, qu'on va pouvoir porter, (plutôt) qu'un drapeau qui est souvent en synthétique et pas très agréable à porter", raconte Bertrand Roiné, champion du monde de handball en 2011 avec la France et vice-champion du monde à domicile avec le Qatar en 2015.
Cette idée, confie-t-il, est "venue au bon moment" dans son parcours. "C'était un tournant dans ma vie parce que j'arrêtais le handball et je cherchais un projet", se remémore l'ancien joueur.
La paire, qui n'a guère d'expérience dans le domaine, ouvre une entreprise au Qatar, ce qui est facilité par la double nationalité de Roiné, un privilège rarement accordé aux étrangers dans l'émirat.
Assistés de Tim et de ses copains, les deux amis dessinent des keffieh qu'une amie australienne modélise sur ordinateur.
- "Peut-être un symbole" -
Chine, Bangladesh, Pakistan, Inde... Roiné et Grande courent les fournisseurs pour trouver le produit dont ils rêvent. Leur choix se porte finalement sur un atelier de New Delhi, où 100.000 keffieh sont imprimés à la main sur du coton épais, puis protégés dans des emballages recyclables.
Avoir mené à bien ce projet "est une fierté, parce que j'ai fait du handball toute ma vie. Je n'ai pas de formation pour faire ça, pour monter une entreprise, faire du marketing, faire du design. Toutes ces choses-là, on les a apprises sur le tas", sourit Bertrand Roiné.
"On espère avoir un produit qui fonctionne et qui peut-être (sera) un symbole ou quelque chose qu'on verra beaucoup pendant la Coupe du monde", poursuit-il. "J'ai même un copain qui m'a dit: tu as fait la vuvuzela du Qatar !", en référence à la petite trompette largement utilisée lors des matchs de football et popularisée lors de la Coupe du monde 2010 en Afrique du Sud.
A l'image du petit émirat gazier, qui n'en a pas fini avec le sport et qui mène campagne pour accueillir les Jeux olympiques en 2036, les deux associés espèrent ne pas s'arrêter après la Coupe du monde.
Ils ont même conçu des modèles de keffieh pour les pays non qualifiés pour le Mondial-2022, tels l'Egypte, l'Algérie, l'Ukraine et l'Inde. "On a même plus de demandes (pour des pays qui ne participent pas au Mondial de foot), se réjouit Grande. On ne peut pas aller partout mais on sent qu'il y a un engouement autour du projet."
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