Cette rencontre est la deuxième activité du projet régional de : "Protection des Femmes défenseures des droits humains (FDDH) et groupes marginalisés face aux défis émergents dans la sous-région ouest africaine".
Selon Pédan Marthe Coulibaly, Coordinatrice Nationale de la CIDDH, la session régionale de Grand Bassam a permis de diagnostiquer les défis et barrières auxquels sont confrontés les Femmes défenseures des droits humains et les groupes marginalisés dans le contexte actuel de la sous-région.
Elle a expliqué qu’il a été question de discuter des défis émergents et leurs causes/facteurs dans la sous-région ouest africaine (mouvements terroristes, recul des droits de l’Homme/libertés fondamentales et de la démocratie, les lois restrictives, les formes de discrimination à l’encontre des FDDH et défenseurs marginalisés).
Ces assises, organisées en collaboration avec la Coalition Burkinabé des Défenseurs des Droits Humains (CBDDH), ont été marquées par la contribution de Clément Nyaletossi Voulé, Rapporteur Spécial des Nations Unies sur les droits à la liberté de réunion pacifique et à la liberté d’association.
Au terme de ces travaux, il a fait savoir que les femmes défenseures des droits de l’Homme ont souligné, dans l’ensemble, la question de l’émergence de mouvements terroristes et la lutte contre le terrorisme.
A en croire le Rapporteur spécial des Nations-Unies, les FDDH ont déploré le fait que les politiques de lutte contre le terrorisme les empêchent d’avoir accès à certaines localités où vivent des groupes marginalisés. Cela a un impact négatif sur leur travail de promotion et protection des droits de l’Homme.
Selon lui, au cours de cette session régionale, la réaction des Etats à durcir le cadre légal dans leur politique de riposte contre le terrorisme a été également évoquée.
Ce qui fait que l’action, parfois, de défendre tout individu ou de dénoncer des abus peut être vu ou perçu comme une complicité avec le terrorisme.
Par ailleurs, Clément Voulé, a expliqué qu’étant donné que le rôle du défenseur des droits de l’Homme, c’est de pouvoir interpeller l’Etat face aux injustices, problèmes d’insécurité et abus que subissent les populations, dans un contexte où les lois sont devenues assez difficiles, il n’y a pas une définition claire de qui est terroriste. Et qu’est ce qui peut être qualifié d’acte de terrorisme.
Cette interrogation se pose dans une sous-région qui était reconnue, réputée pour ses institutions stables au niveau régional et national, mais qui est devenue une zone où on entend plus, le bruit des bottes.
Et le Rapporteur Spécial des Nations Unies de terminer son propos par ce constat : "On est en face d’une sous-région, où la CEDEAO, à travers ses mesures et sanctions, est devenue tellement impopulaire auprès de la jeunesse, qu’il y a lieu de réfléchir pour savoir comment faire face à ces défis ?".
Quant à Florence Ouattara, Coordinatrice nationale de la Coalition Burkinabé des Défenseurs des Droits de l’Homme (CBDDH), elle a indiqué que l’environnement socio politique de l’Afrique de l’ouest présente assez de contraintes, difficultés et défis pour la mise en œuvre du projet qui les rassemble à Grand Bassam.
Il s’agit, selon elle, de l’insécurité doublée de l’instabilité politique au niveau de l’Afrique de l’ouest, des paramètres qui n’avaient pas été prévus dans l’exécution du projet.
"Cette rencontre nous a permis d’évaluer encore nos besoins et de revoir nos stratégies. C’est avec satisfaction que nous avons conjugué nos énergies au pluriel. Comment fédérer nos actions, mutualiser les moyens au niveau cette région ouest africaine et transformer notre vulnérabilité en tant que femmes défenseures en opportunité ?".
De ce fait, la Coordinatrice de la CBDDH a souligné l’importance pour ces FDDH de trouver des outils de rassemblement, d’aller à l’unisson et surtout de briser leurs barrières socioculturelles et linguistiques, à savoir, femmes de l’Afrique francophone, anglophone et lusophone.
"La femme défenseure de l’Afrique a les mêmes problèmes quel que soit le pays où elle vit", a-t-elle soutenu.
Par ailleurs, elle s’est réjouie du fait que cette session régionale coïncide avec le mois de novembre 2023 qui marque le trimestre des Droits Humains.
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