Avant son départ pour l’occident, Yvonne Yao était caissière dans une surface commerciale d’Abidjan. Elle dit « avoir tenté l’aventure par la voie normale et légale, après qu’elle a été convaincue par sa sœur « , au milieu des années 2000 sans toutefois avoir l’idée d’y rester indéfiniment.
En dépit du fait qu’elle arrivait à s’en sortir en Europe, Dame Yao Yvonne était toujours en contact avec le pays natal. Cette envie de revenir devient une réalité lorsque la nécessité de s’occuper de sa génitrice qui a pris de l’âge s’est imposée à l’ensemble des membres de la famille composée essentiellement de femmes après le décès du seul homme de la famille.
« Étant entendu que mes autres sœurs dont une est encore en Italie, travaillent, je me suis proposée de retourner pour m’occuper de la maman, vu que j’ai toujours eu l’envie de faire l’agriculture », a rappelé Mme Yvonne Yao.
De retour à Ouellé, elle acquiert des parcelles de terrain qu’elle décide de mettre en valeur, non sans s’être inscrite dans une école agro-pastorale à Yamoussoukro. De prime abord, c’est par la mise en place des parcelles de cultures vivrières indispensables à l’alimentation des animaux que l’investissement débute, assure-t-elle.
Ainsi, Yvonne s’investit dans la création des champs de maïs, de manioc, de bananes (plantain et dessert). Dans le même temps, elle se lance dans la mise en place d’une ferme dans la cour familiale, pour dit-elle, des raisons de sécurité. Elle confectionne des enclos pour la porcherie, pour les petits ruminants (moutons et cabris), la volaille africaine (poulets bicyclette) et les coquelets, les oiseaux (caille), les dindons, les escargots, les rongeurs (agoutis ou aulacodes, hérissons), des animaux sauvages (biches royales et gazelles).
Malheureusement, dans la mise en place des champs, des difficultés se dressent sur son chemin. Notre nouvelle paysanne est confrontée à la divagation des bœufs. Malgré les interpellations, les mises en garde et autres plaintes déposées à la gendarmerie, rien n’y fait. Des parcelles entières sont ravagées par les bœufs. C’est la mort dans l’âme qu’elle assistait impuissante à la destruction de ses champs, donc de l’essentiel de son investissement.
Ce drame, René Kouadio, voisin de l’exploitation de dame Yao, en a été aussi victime. M. Kouadio » dénonce le silence coupable, voire le laxisme des autorités politiques, administratives et sécuritaires ». Par contre, il voue une admiration pour sa voisine qu’il qualifie de « pionnière et de courageuse ».
En effet, M. Kouadio affirme que c’est une première pour lui de voir quelqu’un revenir d’Europe et venir s’installer au village pour s’adonner à l’agriculture et à l’élevage, » des activités réservées en général aux hommes ». C’est pourquoi, il se désole de « la galère qu’elle a vécue et de la perte d’une grande partie de son investissement ».
Pour sa part, loin d’avoir des regrets, Dame Yao ne pense pas abandonner. Elle dit « croire à son projet malgré une autre difficulté liée à la question de la disponibilité de la main-d’œuvre ».
Malgré tout, elle continue son exploitation en s’occupant des animaux avec l’espoir que de bonnes volontés lui viennent en aide pour se relancer.
« Le marché existe, la volonté et la détermination aussi », rassure Mme Yvonne Yao qui veut aller plus loin en créant des opportunités pour les jeunes chez qui elle entend susciter une vocation agropastorale à travers la création d’un centre de formation dédié.
Voulant profiter de l’année de la jeunesse, décrétée par le président de la République pour 2023, elle lance un appel aux autorités compétentes pour lui permettre de se mettre à la disposition des jeunes de de l’Iffou en général et de Ouellé en particulier, en leur offrant son expérience et son expertise.
Aussi, Mme Yao plaide-t-elle pour que les jeunes se détournent de l’émigration clandestine et se décident à rester sur place pour développer leur pays. Dans ce sens, celle qui a vécu en Europe, pense que le véritable « Eldorado » se trouve ici, non sans jeter un coup d’œil sur ce qui fait l’actualité du côté de la Tunisie.
Dans sa nouvelle vie agro-pastorale, elle bénéficie du soutien de sa famille et surtout, de Mme Kouassi Aya Yvonne épouse Bongo, qui l’aide au quotidien à trouver des épluchures de tubercules et de bananes pour nourrir les animaux. Mme Bongo, cousine germaine de Yvonne Yao ne cache pas « son admiration pour sa cadette qui fait honneur à la gente féminine « .
Pour cela, elle en appelle à « la mobilisation de ses sœurs pour soutenir Yvonne Yao qui démontre qu’à force de courage et d’abnégation, les femmes sont capables de réussir là où on les attend pas ».
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