Malgré des réformes juridiques significatives, les progrès sont lents et inégaux, entravés par un manque de volonté politique et des lacunes dans la mise en œuvre, selon le rapport.
Le rapport intitulé "Gender Inequality in Family Laws in Africa : An Overview of Key Trends in Select Countries" met en évidence les dispositions contradictoires dans les cadres juridiques compliquant ainsi l’interprétation et l’application du Droit de la famille, rendant difficile l’harmonisation des systèmes juridiques.
Il révèle que le caractère discriminatoire du Droit de la famille a des répercussions profondes, exposant les femmes et les filles à un risque accru de violences sexuelles et basées sur le genre, et augmentant leur dépendance économique et leur vulnérabilité. "Aucun des pays examinés, dont l'Afrique du Sud, l’Algérie, le Kenya, la Tanzanie, et la Tunisie, n’a encore réalisé l’égalité totale en matière de Droit de la famille", indique l'étude.
La nécessité de réformes juridiques en profondeur
L’Afrique abrite une diversité ethnique, linguistique et religieuse avec des systèmes de droit de la famille variés. Les lois coutumières, religieuses et européennes coexistent, créant un pluralisme juridique complexe. Les conflits entre ces systèmes de droit, notamment le droit civil, coutumier et religieux, perpétuent la discrimination à l’égard des femmes et des filles. C'est ce que souligne Esther Waweru, co-auteure du rapport. Elle affirme que la culture et la religion sont souvent des obstacles majeurs aux réformes juridiques, avec des mouvements anti-droits qui cherchent à annuler les gains acquis, comme l’élimination du mariage des enfants et des mutilations génitales féminines. Les gouvernements hésitent souvent à réformer les lois discriminatoires, même s’ils s’y sont engagés. Parfois, les réformes progressistes restent en attente de promulgation.
Le mariage des enfants et le viol conjugal pointés du doigt
Des progrès notables ont été réalisés dans l'interdiction du mariage des enfants ou le mariage forcé en Côte d'Ivoire, en Égypte, au Kenya, au Malawi, et en RDC. Cependant, le mariage des enfants persiste dans certaines communautés, nécessitant une approche multisectorielle pour sensibiliser sur ses conséquences néfastes. Le viol conjugal, quant à lui, n’est pas criminalisé dans plusieurs pays, dont l’Algérie, le Kenya et le Soudan. Certains pays, comme la Côte d'Ivoire et le Mozambique, ont explicitement criminalisé le viol conjugal. Il est crucial que tous les pays adoptent des lois contre le viol conjugal et sensibilisent sur ce sujet.
Pratiques de mariage, discrimination dans le divorce et la garde des enfants
Selon la rapport, les mariages coutumiers ou religieux sont souvent moins protecteurs pour les femmes. La polygamie est légale dans plusieurs pays, sans protection adéquate pour les femmes. Des lois discriminatoires dans des pays comme le Soudan accordent aux hommes plus de pouvoir dans le divorce. La garde des enfants reste inégale, avec des pays comme le Sénégal où les pères sont les tuteurs légaux malgré le rôle des mères.
Biens matrimoniaux, successions et une nécessité d'alignement sur les normes internationales
Des réformes ont été faites dans certains pays pour une répartition équitable des biens matrimoniaux, mais les lois coutumières affaiblissent souvent les droits successoraux des femmes. Pour protéger les femmes et les filles, il est impératif que les pays africains alignent leurs lois sur les normes internationales en matière de droits humains. Comme le conclut Esther Waweru, il est crucial que les gouvernements adoptent des cadres législatifs et stratégiques solides en conformité avec leurs obligations internationales et régionales.
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